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Douanier Rousseau - combat du tigre et du buffle - 1908 - ici. |
Pan met un point et se reprend à considérer la bienheureusement
virginale matinée dans toute la vallée. — Et c’est la radieuse matinée,
et tout le soleil et l’universel bonheur si insaisissable ! Et voilà ; à lui de s’arranger pour être heureux, comme cette matinée s’est arrangée pour être heureuse.
C’est facile à dire. Pan se réabandonne à son galoubet imparfait mais
fidèle et digne d’être appelé « mon vieux ». Il commence l’antique
ballade : Je suis dégoûté des fraises des bois, et aussitôt s’arrête, dégoûté de la ballade elle-même.
Mais enfin ! Le thym frissonne entre ses membres, les frelons
bourdonnent, les tiges d’ombelles sont bien à l’aise dans l’air
charmant, les cigales commencent à cuire à petits cris, il fait heureux à
perte de vue !
Jules Laforgue, Moralités légendaires, 1887,
ici.
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Henri Rousseau - cheval attaqué par un jaguar - 1910 |