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Amparo Bernabe - ici. |
Je pose en principe un fait peu contestable : que l'homme est
l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie. Il
change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des
objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain.
L'homme parallèlement se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par
exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours
libre, auquel l'animal n'apportait pas de réserve. Il est nécessaire
encore d'accorder que les deux négations, que, d'une part, l'homme fait
du monde donné et, d'autre part, de sa propre animalité, sont liées. Il
ne nous appartient pas de donner une priorité à l'une ou à l'autre, de
chercher si l'éducation (qui apparaît sous la forme des interdits
religieux) est la conséquence du travail, ou le travail la conséquence
d'une mutation morale. Mais en tant qu'il y a homme, il y a d'une part
travail et de l'autre négation par interdits de l'animalité de l'homme.
Georges Bataille, L'érotisme, 1957.