jeudi 22 novembre 2012

Un dépôt de la mort :


Debbie Fleming Caffery                  : + :
 
J'augmente avec ponctualité les pages de ce journal, au détriment de celles qui me feraient pardonner les années où mon ombre a demeuré sur la terre (Défense devant les survivants et éloge de Malthus). Cependant ce que j'écris aujourd'hui vaut comme une précaution. Je ne changerai rien de ces lignes. Malgré la faiblesse de mes convictions, il faut que je m'arrange avec mes connaissances actuelles : ma sécurité exige que je renonce indéfiniment à aucune aide d'autrui.
Je n'espère rien. Cela n'a rien d'horrible. Après m'y être résolu, j'ai recouvré la tranquillité.
(...)


Alfonso Batalla                 : + :

La logique nous commande de rejeter les espérance de Morel. Les images ne vivent pas. Il me semble cependant que, ayant déjà cet appareil, il conviendrait d’en inventer un autre, qui permettraitde verifier si les images sentent et pensent (ou tout au moins, si elles ont les pensées et les sensations qui habitèrent les sujets originaux durant l’enregistrement ; il est clair que la relation de leur conscience (?) avec ces pensées et ces sensations ne pourra pas être verifiée). Cet appareil, très semblable à l’appareil actuel, sera orienté vers les pensées et les sensations de l’émetteur ; à n’importe quelle distance de la personne, nous pourrons obtenir ses pensées et ses sensations (visuelles, auditives, tactiles, olfactives, gustatives).
Et un jour on inventera un appareil plus complet. Ce que nous pensons et sentons durant la vie – ou durant les moments enregistrés – sera comme une alphabet grace auquel l’image continuera à tout comprendre (comme nous pouvons, avec les lettres de l’alphabet, comprendre et composer tous les mots). Alors la vie deviendra un dépôt de la mort. Mais, même à ce moment-là, l’image ne vivra pas ; elle n’aura pas connaissance d’objets essentiellement nouveaux. Elle connaîtra seulement tout ce qu’elle a senti ou pensé, ou les combinaisons ultérieurs de ce qu’elle a senti ou pensé.


Assaf Shaham                 : + :


Il n'est plus désespérément asservis que ceux qui se croient libre - Goethe
  Occupy Wall-Street                 : + :

Le fait que nous ne puissions comprendre rien en dehors du temps et de l’espace permettrais peut-être de suggérer que notre vie n’est pas, de façon appréciable, différente de la survivance que l’on obtiendrait par cet appareil.
Adolfo Bioy Casares,  L’invention de Morel, 1940, traduit de l'argentin par aA. Pierhal.