vendredi 30 mars 2012

L'Ombilic des Limbes :

Poète noir
Poète noir, un sein de pucelle
te hante,
poète aigri, la vie bout
et la ville brûle,
et le ciel se résorbe en pluie,
ta plume gratte au cœur de la vie.

Forêt, forêt, des yeux fourmillent
sur les pignons multipliés ;
cheveux d’orage, les poètes
enfourchent des chevaux, des chiens.

Les yeux ragent, les langues tournent,
le ciel afflue dans les narines
comme un lait nourricier et bleu ;
je suis suspendu à vos bouches
femmes, cœurs de vinaigre durs.
Antonin Artaud : L’Ombilic des limbes


Arshile Gorky - Oragnization 1 - 1933-1936





Avec moi dieu-le-chien
Avec moi dieu-le-chien, et sa langue
qui comme un trait perce la croûte
de la double calotte en voûte
de la terre qui le démange.

Et voici le triangle d’eau
qui marche d’un pas de punaise,
mais qui sous la punaise en braise
se retourne en coup de couteau.

Sous les seins de la terre hideuse
Dieu-la chienne s’est retirée,
des seins de terre et d’eau gelée
qui pourrissent sa langue creuse.

Et voici la vierge-au marteau,
pour broyer les caves de terre
dont le crâne du chien stellaire
sent monter l’horrible niveau.