dimanche 6 janvier 2013

Te connaissant, t’aimes et te souris :


Pulsar - Nasa

A cette lumière on devient tel, que se détourner pour voir autre chose, il est impossible qu’on y consente jamais ; parce qu’en elle est rassemblé tout le bien qui est l’objet du vouloir, et que hors d’elle est défectif ce qui est parfait en elle. Désormais mes paroles, proportionnées à mon souvenir, seront plus courtes que celles de l’enfant qui baigne encore sa langue à la mamelle. Non que plus d’une seule apparence fût dans la vive lumière que je regardais, laquelle est toujours telle qu’elle était auparavant ; mais parce qu’en moi la vue devenait plus forte, et qu’en regardant un seul objet, moi changeant, il changeait pour moi.
Dans la profonde et splendide substance de la haute lumière, m’apparurent trois cercles de trois couleurs et de même étendue ; et l’un par l’autre, comme une Iris par une Iris, paraissait réfléchi ; et le troisième paraissait un feu qui d’ici et de là également émane. Oh ! combien la parole est courte, et combien faible près de ma pensée ! Et celle-ci, près de ce que je vis, est telle, que « peu » ce n’est pas assez dire. O lumière éternelle, qui seule en toi reposes, seule te connais, et, connue de toi et te connaissant, t’aimes et te souris ! Ce triple cercle, qui paraissait se produire en toi comme un rayon réfléchi, regardé un peu par mes yeux tout autour, au-dedans de soi me parut offrir de sa propre couleur notre image peinte, là où toute ma vue était plongée.
Tel que le géomètre qui tout entier s’applique à mesurer le cercle, et, pensant, ne trouve point ce principe dont il a besoin ; tel étais-je à cette vue nouvelle ; je voulais voir comment l’image convient au cercle, et comment elle y a son lieu ; mais point n’auraient à cela suffi mes propres ailes, si mon esprit n’eût été frappé d’un éclair par lequel s’accomplit son désir. A la haute imagination ici manqua le pouvoir ; mais déjà, comme une roue mue également, tournait mon désir et le velle l’Amour qui meut le Soleil et les autres étoiles.

Dante, La Divine Comédie, Le Paradis, Chant XXXIII
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