lundi 21 octobre 2013

Découvrir ce que j’ai :


Jérome Dupré la Tour - KiN - 2013

J’ai déchiré tout mai et juin, dit Susan, et vingt jours de juillet. Je les ai déchirés, roulés en boule, pour qu’ils n’existent plus, à l’exception d’une lourdeur qui reste en moi. C’étaient des jours mutilés comme des phalènes aux ailes rognées, incapables de voler. Il ne reste que huit jours. Dans huit jours, je descendrai du train, je serai sur le quai à six heures vingt-cinq. Je déroulerai ma liberté et toutes les restrictions qui froissent et plissent - temps, ordre et discipline, être ici ou là à l’heure précise - exploseront. Le jour jaillira quand, en ouvrant la porte du wagon, je verrai mon père avec ses guêtres, son vieux chapeau. Je tremblerai. J’éclaterai en sanglots. Le lendemain je me lèverai à l’aurore. Je sortirai par la porte de la cuisine. Je marcherai dans la lande. Les grands chevaux des cavaliers fantômes tonneront derrière moi et s’arrêteront soudain. Je verrai l’hirondelle raser l’herbe. Je me jetterai au bord de la rivière et je regarderai le poisson plonger et reparaître dans les roseaux. J’aurai les paumes des mains marquées par les aiguilles de pin. Je déferai, j’ôterai ce qui s’est formé ; la dureté d’ici. Car quelque chose a grandi en moi, au fil des hivers et des étés, sur les escaliers, dans les chambres. Je ne veux pas être admirée comme Jinny. Lorsque j’arrive, je ne veux pas que les gens lèvent les yeux avec admiration. Je veux donner, et qu’on me donne, je veux la solitude, découvrir ce que j’ai. 
Virginia Woolf, Les Vagues, 1931

dimanche 20 octobre 2013

Je suis sans parole :

 
Cyril Crépin - In vu 2                                                                                                 : + :

En Allemand je ne sais plus je ne comprends plus je deviens sourd et niais je suis perdu je n’ai plus moyen de comprendre je ne comprends pas un mot je ne sais plus entendre je n’entends plus rien je ne lis plus rien je ne sais pas lire je ne sais pas un mot je ne comprends pas ce qu’on me dit je suis têtu et sourd je ne peux plus parler je suis muet je n’ai pas le moindre moyen de langue je ne comprends plus rien j’entends qu’on m’adresse la parole je vois des inscriptions tout ce qu’on me dit je ne le comprends plus je ne peux rien répondre je ne comprends simplement rien au langage je ne peux que faire le geste que je suis sourd que je suis muet que je suis complètement en dehors que rien ne me parvient que je ne peux pas l’écrire que je suis absolument sans moyen de me faire comprendre qu’il ne me reste que des gestes pour gesticuler pour faire celui qui n’y entend rien et qui n’a pas la parole je suis sans entente je suis sans parole je ne vois plus rien de tout ce qui est écrit je ne sais plus rien lire je ne vois plus je suis dans l’invisible je suis dans la surdité j’entends des sons inintelligibles je ne peux pas m’expliquer je suis sourd et muet et aveugle toutes les langues m’ont quitté je ne comprends plus rien.
Christophe Tarkos, caisses, 1998



jeudi 17 octobre 2013

La plus forte impression que j'ai gardé :

 
James Roper - Deep structure disperal                                                                                                          : + :

Je vais vous raconter une histoire drôle. Un prisonnier évadé se cache dans la zone de trente kilomètre autour de Tchernobyl. On finit par l'attraper. On le fait passer au dosimètre. Il "brille" a un point tel qu'il est impossible de le mettre en  prison ou à l'hôpital. Mais on ne peut pas le laisser en liberté non plus. Vous ne riez pas ? (Il rit)
James Roper - Sumbebekos


Je suis arrivé lorsque les oiseaux faisaient leurs nids et je suis reparti lorsque les pommes gisaient sur la neige... Nous n'avons pas pu tout enterrer. Nous enterrions la terre dans la terre... Avec les scarabées, les araignées, les larves... Avec ce peuple différent... Avec ce monde... Voilà la plus forte impression que j'ai gardé : ce petit peuple !
Je ne vous ai pas raconté grand chose... des brides éparses...
Svetlana Alexievitch, La supplication, Tchernobyl, Chronique du monde après l'apocalypse, 1997, traduit du russe par Galia Ackerlan et Pierre Lorrain


James Roper - Rapture 2

mardi 8 octobre 2013

Quand on perçoit bien :


Yoann Sanson                                                                                                                   : + :




Cependant maintenant, je m’efforce de parler non pas de la mélancolie d’Istanbul, mais du hüzün (qui ressemble à cette dernière), de ce sentiment intériorisé avec fierté et en même temps partagé par toute une communauté. Cela signifie avoir la capacité de voir les lieux et les moments où le sentiment lui-même se mêle à l’environnement qui le communique à la ville. Je parle des fins de journée qui arrivent tôt, des pères qui rentrent à la maison un sac à la main, sous les lampadaires des quartiers retirés. Je parle aussi des bouquinistes âgés qui, après une crise économique comme il en survient si fréquemment, attendent le client toute la journée en grelottant de froid dans leur boutique, je parle des coiffeurs qui se plaignent que les gens après la crise se fassent moins souvent raser; je parle des marins qui, un seau à la main, nettoient les vieux vapur du Bosphore amarrés aux embarcadères déserts, un œil sur la petite télévision en noir et blanc posée plus loin, avant de plonger dans le sommeil sur leur bateau; je parle des enfants qui jouent au football dans les étroites rues pavées, entre les voitures ; je parle des femmes en foulard, un sac plastique à la main, attendant sans dire un mot un autobus qui décidément ne vient pas, à une station perdue ; je parle des hangars à caïques vides des anciens Yalı, des maisons de thé pleines à craquer de chômeurs, des proxénètes patients qui arpentent le trottoir, les soirs d’été, avec l’espoir de trouver un touriste, bien ivre sur la plus grande place de la ville.
Je parle des foules qui, les soirs d’hiver, se dépêchent pour ne pas manquer le vapur, des femmes qui, attendant leur mari ne rentrant jamais à la maison le soir, entrouvrent les rideaux pour jeter un coup d’œil dans la rue ; je parle des vieux à turban qui vendent dans les cours des mosquées des petits opuscules religieux, des chapelets et des onguents de pèlerin ; je parle des entrées de dizaines de milliers d’immeubles qui se ressemblent désespérément toutes, des constructions en bois transformées en bâtiments municipaux – à l’époque où ils étaient des konak dépendants du Palais, chaque lame de leur parquet gémissait bruyamment au moindre pas ; des balançoires cassées dans les parcs déserts, des sirènes des vapur dans le brouillard, des murailles de la ville, héritées de Byzance, dans un état de décrépitude avancé, des emplacements de marché qu’on vide le soir venu, des anciens tekke, tombés en ruine, des dizaines de milliers d’immeubles à la face décolorée par la pollution, la rouille, la suie et la poussière, des mouettes qui restent sans bouger sous la pluie, perchées sur les pontons rouillés couverts de moules et de mousse, des immenses konak centenaires qui crachent par une unique cheminée une fluette fumée visible seulement les jours les plus froids de l’année, des foules d’hommes pêchant sur le pont de Galata, des grandes salles froides des bibliothèques, des photographes ambulants, de l’odeur de mauvaise haleine de ces salles – qui, jadis, étaient des cinémas somptueux aux plafonds dorés – transformées en lieux de projection de films porno où les hommes pénètrent tout honteux -, des avenues où tu ne pourrais pas voir une seule femme après le coucher du soleil ; des foules agglutinées, les jours chauds et ventés, aux portes du quartier des prostituées sous contrôle de la municipalité, des jeunes femmes qui font la queue à l’entrée des boutiques où la viande est vendue à bas prix, des lampes grillées des guirlandes lumineuses tendues entre les minarets les jours de fêtes religieuses, des affiches murales déchirées et noircies çà et là, des rues sales de la ville qui aurait été transformée en musée si on avait été dans un pays occidental, des voitures américaines fatiguées, rescapées des années cinquante et utilisées comme dolmuş, qui geignent atrocement dans les raidillons abrupts, des foules qui remplissent à ras bord les autobus, des mosquées dont les placages et les gouttières en plomb sont constamment volés, des cimetières qui vivent, au cœur de la ville, à la manière d’un monde parallèle et de leurs cyprès, des lampes falotes allumées le soir à l’intérieur des vapur en service entre Kadıköy et Karaköy, des petits enfants qui essaient de vendre un paquet de mouchoirs au moindre passant, des tours à horloge que personne ne regarde, des coups que reçoivent les enfants le soir chez eux, ainsi que des victoires ottomanes qu’ils lisent dans leurs livres d’histoire, de l’attente craintive des « employés » lors des couvre-feu décrétés fréquemment sous prétexte d’un recensement des électeurs, d’un dénombrement de la population ou d’une recherche de terroristes, du courrier des lecteurs coincé dans un petit coin des journaux – et que personne ne lit – avec des phrases du genre « la coupole de la mosquée de notre quartier, vieille de trois cent soixante-dix ans et des poussières, menace de s’effondrer ; que fait l’État? » ; des parties cassées – chaque fois à un endroit différent – de chacune des marches d’escalier des passages souterrains ou aériens situés dans les lieux les plus fréquentés de la ville, de l’homme qui vend à la même place depuis quarante ans des cartes postales d’Istanbul, des mendiants qui surgissent devant vous du recoin le plus improbable et des mendiants qui eux, toujours dans le même recoin, vous disent chaque jour les mêmes mots, de l’odeur forte des toilettes qui vous monte soudain aux narines dans les avenues populeuses, dans les vapur et les passages, des jeunes filles qui lisent les colonnes « Güzin Abla » du journal Hürriyet, des couchers de soleil qui teignent en rouge orangé les fenêtres à Üsküdar, de ces heures les plus matinales où tout le monde dort sauf les pêcheurs qui prennent la mer, des trois chats se mourant d’ennui et des deux chèvres à l’intérieur de cages dans cet endroit qu’on ne peut même pas qualifier de zoo, au parc de Gülhane, des chanteurs de troisième catégorie imitant dans les sordides clubs de nuit les stars de la pop turque et les chanteurs américains, et aussi des chanteurs de première catégorie, des élèves qui s’ennuient à mourir dans les cours d’anglais interminables où en six ans on n’apprend rien d’autre que « yes » et « no », des migrants qui attendent sur le quai de Galata, des belles femmes en foulard qui négocient, honteuses, dans les marchés forains, les soirs d’hiver – au moment où les vendeurs commencent à démonter leurs étals et à tout replier -, tout ce qui reste : légumes, fruits, détritus, papiers, sacs plastique, sacs, boîtes, surplus de caisses; je parle des jeunes mères qui marchent péniblement dans la rue avec leurs trois enfants, de la vue qu’on a sur la Corne d’Or quand on regarde en direction d’Eyüp, depuis le pont de Galata, des vendeurs de simit en faction sur le quai, dans l’attente du client, perdus dans la contemplation du paysage ; des sirènes de vapur qui sonnent toutes en même temps au loin, chaque année, alors que toute la ville observe respectueusement une minute de silence, avec foi, en mémoire d’Atatürk ; des fontaines de quartier centenaires transformées en tas de marbre aux robinets arrachés, de ces fontaines qui demeurent à présent sous le niveau de la route – à force de mettre et de remettre des couches d’asphalte généreusement déversées sur les pavés -, alors que jadis on y montait par une volée de marches, des jeunes filles qui travaillent pour les salaires les plus bas de la ville, parfois jusqu’au matin, pour pouvoir faire face à une commande, sur des machines à coudre ou à boutonner à présent entassées et coincées dans des appartements d’immeubles situés dans les rues adjacentes – et où durant mon enfance, le soir, les femmes et leurs enfants des familles des classes moyennes, des docteurs, des avocats et des enseignants écoutaient la radio -, je parle de l’état d’usure et de délabrement de tout ; de la ville entière qui contemplait, à l’approche de l’automne, les cigognes venues des Balkans, de l’Europe de l’Est ou du Nord, et qui, filant vers le sud, passaient au-dessus du Bosphore et des Îles aux Princes, et je parle des foules d’hommes qui rentraient chez eux en fumant frénétiquement après les matchs de l’équipe nationale qui se soldaient toujours par une sévère défaite quand j’étais enfant.
Quand on perçoit bien ce sentiment et les paysages, les endroits et les gens qui le diffusent à la ville, quand on a été élevé avec lui, à partir d’un certain point, d’où que l’on regarde la ville, ce sentiment de hüzün acquiert une netteté perceptible dans le paysage et chez les gens – un peu à la manière de cette buée qui, les froids matins d’hiver, alors que le soleil fait soudain son apparition, commence à virevolter subtilement au-dessus des eaux du Bosphore.
Orhan Pamuk, Istanbul, Traduit du turc par Savas Demirel, Valérie Gay-Aksoy et Jean-François Pérouse,  2003






vendredi 4 octobre 2013

Aucune tradition de sorcellerie :



Fatchakulla avait hérité d'une tribu terrifiante de diables, de démons, de croque-mitaines, de goules, de vampires et de loup-garous. On ne rencontrait dans le canton de Fatchakulla ni elfes, ni fées, ni farfadets ; nul petit esprit malicieux ne voletait dans les bois, jouant des tours en portant bonheur. Certes non. Les spectres de Fatchakulla étaient une bande de canailles, êtres énormes et grotesques conçus en enfer et grandis dans la vase noire des marécages, qui s'abreuvaient de sang et dévoraient tout crus les animaux et les hommes. Néanmoins aucune tradition de sorcellerie n'avait court dans le canton. Personne n'avait jamais été accusé ou même soupçonné d'évoquer ces maléfices depuis les régions infernales. Les légions démoniaques existaient, voilà tout ; elles avaient toujours été là, et les indigènes ne s'étaient jamais demandé pourquoi elles leur étaient imposées. S'ils parvenaient à coexister, c'est que les terreurs s'étaient principalement manifestées dans l'esprit des habitants. Bien sûr, au fil des années, il y avait eu quelques victimes, qui avaient disparu dans les marais ou sur le rivières, mais personne n'avait réellement vu les monstres s’emparer d'eux ; tout le onde s'accordait simplement à expliquer ainsi leur fin. Rares étaient les individus qui, tel Oncle Bill, affirmaient s'être trouvés face à face avec Willie le Siffleur ou avec tout autre fantôme. Le plus souvent les ressentait plutôt la présence d'une menace diffuse, et dans le canton presque tout le monde disait connaître cette sensation qui incitait à quitter de toute urgence l'endroit où l'on se trouvait. Ces superstition jouaient parfois un rôle utile en engageant les gens à la prudence ; par exemple, ne partez pas en bateau la nuit, ou vous vous ferez prendre par Willie le Siffleur. Traduit en termes de logique ordinaire, cela signifiait simplement qu'il y avait quelque danger à être seul la nuit sur la rivière.
Ned Crabb, La bouffe est chouette à Fatchakulla, 1978


Nostalgie de la boue                                                                                                       : + : : + :

jeudi 3 octobre 2013

Prisonniers au même monde :


Nick Brandt - Giraffes Crossing Lake Bed - Amboseli 2012                                                                                    : + :

Aimer l'autre, cela devrait vouloir dire que l'on admet qu'il puisse penser, sentir, agir de façon non conforme à nos désirs, à notre propre gratification, accepter qu'il vive conformément à son système de gratification personnel et non conformément au nôtre.
Mais l'apprentissage culturel au cours des millénaires a tellement lié le sentiment amoureux à celui de possession, d'appropriation, de dépendance par rapport à l'image que nous nous faisons de l'autre, que celui qui se comporterait ainsi serait en effet qualifié d'indifférent.
Le seul amour qui soit vraiment humain, c'est un amour imaginaire, c'est celui après lequel on court toute sa vie durant, qui trouve généralement son origine dans l'être aimé, mais qui n'en aura bientôt plus ni la taille, ni la forme palpable, ni la voix, pour devenir une véritable création, une image sans réalité. Alors, il ne faut surtout pas essayer de faire coïncider cette image avec l'être qui lui a donné naissance, qui lui n'est qu'un pauvre homme ou qu'une pauvre femme, qui a fort à faire avec son inconscient. C'est avec cet amour là qu'il faut se gratifier, avec ce qu'on croit être et qui n'est pas, avec le désir et non avec la connaissance.
Cependant, il existe d'autres espaces gratifiants que celui qui vous entoure immédiatement, et qui sont tout aussi réels que lui, mais médiats. C'est grâce à eux que l'on peut atteindre le collectif, le social. L'espace planétaire en est un, et les structures sociales qui le remplissent sont une réalité. Mais cette réalité, vous ne pouvez l'atteindre avec la main, les yeux, les lèvres. Vous ne pouvez l'influencer que par l'intermédiaire des mass-media. Vous ne pouvez exercer sur elle une autorité, un pouvoir, qu'à travers la symbolique du langage, et l'expression des concepts. Vous vous heurtez bien évidement aux langages et aux concepts dominants. Mais votre lutte s'engagera à un autre niveau d'organisation que celui où se tiennent les rapports d'homme à homme. Vous ne vous laisserez plus enfermer dans un espace étroit au sein duquel tout l'inconscient dominateur des individualités entre en conflit pour l'obtention de la dominance.
Et surtout vous pouvez fuir, vous pouvez vous regrouper à un autre niveau d'organisation, jusqu'aux limites de la planète. Il s'agit en définitive de faire de votre réalité une structure ouverte et non pas une structure fermée par les frontières de l’œdipe familial ou social.

Giraffe and bay in trees - Maasai Mara - 2002

Ainsi, j'ai compris que ce que l'on appelle "amour" naissait du renforcement de l'action gratifiante autorisée par un autre être situé dans notre espace opérationnel et que le mal d'amour résultait du fait que cet être pouvait refuser d'être notre objet gratifiant ou devenir celui d'un autre, se soustrayant ainsi plus ou moins complètement à notre action.
Que ce refus ou ce partage blessait l'image idéale que l'on se faisait de soi, blessait notre narcissisme et initiait soit la dépression, soit l'agressivité, soit le dénigrement de l'être aimé.
J'ai compris aussi ce que bien d'autres avaient découvert avant moi, que l'on naît, que l'on vit, et que l'on meurt seul au monde, enfermé dans sa structure biologique qui n'a qu'une seule raison d'être, celle de se conserver.
Mais j'ai découvert aussi que, chose étrange, la mémoire et l'apprentissage faisait pénétrer les autres dans cette structure, et qu'au niveau de l'organisation du moi, elle n'était plus qu'eux.
J'ai compris enfin que la source profonde de l'angoisse existentiel, occultée par la vie quotidienne et les relations interindividuelles dans une société de production, c'était cette solitude de notre structure biologique enfermant en elle-même l'ensemble, souvent anonyme, des expériences que nous avons retenues des autres.
Angoisse de ne pas comprendre ce que nous sommes et ce qu'ils sont, prisonniers au même monde de l'incohérence et de la mort.  
Henri Laborit, Eloge de la fuite,  1976


Calcified bat II - Lake Natron - 2012