samedi 22 février 2014

Le contraste du silence :




On doit voir évidemment, d’après tout ce qui précède, que, quand on nous parle d’une harmonie résultant du mouvement de ces corps pareille à l’harmonie de sons qui s’accorderaient entr’eux, on fait une comparaison fort brillante, sans doute, mais très vaine ; ce n’est pas là du tout la vérité. Mais en effet il y a des gens qui se figurent que le mouvement de si grands corps doit produire nécessairement du bruit, puisque nous entendons autour de nous le bruit que font des corps qui n’ont ni une telle masse, ni une rapidité égale à celle du soleil et de la lune. Par là, on se croit autorisé à conclure que des astres aussi nombreux et aussi immenses que ceux qui ont ce prodigieux mouvement de translation, ne peuvent pas marcher sans faire un bruit d’une inexprimable intensité. En admettant d’abord cette hypothèse, et en supposant que ces corps, grâce à leurs distances respectives, sont pour leurs vitesses dans les rapports mêmes des harmonies, ces philosophes en arrivent à prétendre que la voix des astres, qui se meuvent en cercle, est harmonieuse. Mais comme il serait fort étonnant que nous n’entendissions pas cette prétendue voix, on nous en explique la cause, en disant que ce bruit date pour nos oreilles du moment même de notre naissance. Ce qui fait que nous ne distinguons pas le bruit, c’est que nous n’avons jamais eu le contraste du silence, qui y serait contraire ; car la voix et le silence, se font ainsi distinguer réciproquement l’un par l’autre. Or, de même que les forgerons, par l’habitude du bruit qu’ils font, n’en perçoivent plus la différence, de même aussi, dit-on, il en advient pour les hommes. Cette supposition, je le répète, est fort ingénieuse et fort poétique ; mais il est tout à fait impossible qu’il en soit ainsi.
Aristote, Livre I, Traité du Ciel
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Monitoring - Rythme cardiaque du bébé et contractions de la mère




mardi 18 février 2014

Plus qu’en vain :





Et que cela te soit toujours comme plomb aux pieds,
pour aller à pas lents comme un homme las,
vers le oui et le non que tu ne vois pas ;
car il est le plus bas parmi les sots
celui qui affirme et nie sans distinction,
dans l’un comme dans l’autre cas ;
car il arrive que l’opinion hâtive
penche souvent du mauvais côté,
et puis la passion ligote l’intellect.
Il quitte le rivage plus qu’en vain,
car il ne revient pas tel qu’il est parti,
qui prêche pour le vrai sans en avoir l’art.
Claires preuves de ceci sont au monde
Parménide, Mélissos, Bryssos et bien d’autres,
lesquels allaient, sans savoir où ;
ainsi firent Sabellius et Arius, et ces fous
qui furent comme des glaives pour les Écritures,
rendant tordu ce qui était droit.
Que les hommes ne soient donc pas trop assurés,
quand ils jugent, comme celui qui croit
que les blés sont mûrs avant qu’ils le soient ;
car j’ai vu d’abord tout l’hiver
l’épine se montrer rigide et farouche,
et puis porter la rose sur sa cime ;
et j’ai vu déjà bateau droit et rapide
parcourir la mer pendant toute sa route,
et périr à la fin en entrant au port.
Dante, La Divine Comédie, le Paradis, traduction de Jacqueline Risset


Repas de deux chimpanzés - photographie de presse - Acmé

lundi 17 février 2014

Une sorte de lieu épargné :





Une coulée de lumière persistait encore entre les berges obscures du canal lorsqu’il le franchit, scintillante, argentine, teintée de jade, contrastant avec l’inerte lueur des globes électriques qui s’allumaient, égrenés le long des quais, éclaboussant de jaune les troncs écaillés des platanes, stagnant au dessus de l’étourdissant et agressif carrousel de phares, de feux rouges, l’inerte et impuissant conglomérat de voitures enchevêtrées se suivant sans avancer autour des palmiers décoratifs, sous les néons des cinémas et des magasins, comme une stérile, aveugle et incohérente agitation tandis qu’au dessus des toits, à peine distincts dans le ciel s’assombrissant, les vols d’étourneaux étiraient leurs écharpes, tournoyaient, se rassemblaient, se condensaient en soleils charbonneux, puis explosaient aurait-on dit, se déployaient de nouveau en myriades d’infimes et palpitantes particules.
Puis de nouveau le silence, la paix. Comme si au coeur de la vieille ville (avec ses étroites rues maintenant encombrées d’autos, empuanties de gaz, les rez-de-chaussée de ses vieux hôtels éventrés pour faire place à des vitrines illuminées, peuplées de clinquants mannequins, comme les palmiers en quelque sorte factices, importés eux aussi, accordés au clinquant de fausse Riviera, aux clinquants vendeurs ou vendeuses sortis tout habillés de boites de conserves garnies de surplus américains, de vestes de trappeurs ou de fourrures importées de Chicago ou de Hong-kong en même temps que les tentatrices affiches de voyages pour Chicago ou Hong-kong) la maison constituait comme un îlot, une sorte de lieu épargné, préservé dans l’espace et le temps..

Claude Simon, L’acacia, 1989


Duhamel du Monceau                                                                                                                            : + :

mardi 11 février 2014

Qui se détourne de lui :



Julian Santana Barrera - Isla de las Munecas                                                                                                                 : + :


Le premier acte de l’hostilité, juste avant le coup, c’est la diplomatie, qui est le commerce du temps. Elle joue l’amour en l’absence de l’amour, le désir par répulsion. Mais c’est comme une forêt en flammes traversée par une rivière : l’eau et le feu se lèchent, mais l’eau est condamnée à noyer le feu, et le feu forcé de volatiliser l’eau. L’échange des mots ne sert qu’à gagner du temps avant l’échange des coups, parce que personne n’aime recevoir de coups et tout le monde aime gagner du temps. Selon la raison, il est des espèces qui ne devraient jamais, dans la solitude, se trouver face à face. Mais notre territoire est trop petit, les hommes trop nombreux, les incompatibilités trop fréquentes, les heures et les lieux obscurs et déserts trop innombrables pour qu’il y ait encore de la place pour la raison.
Prologue
Alors ne me refusez pas de me dire l'objet, je vous en prie, de votre fièvre, de votre regard sur moi, la raison, de me la dire ; et, s'il s'agit de ne point blesser votre dignité, eh bien, dites-la comme on la dit à un arbre, ou face au mur d'une prison, ou dans la solitude d'un champ de coton dans lequel on se promène, nu, la nuit ; de me la dire sans même me regarder. Car la vraie seule cruauté de cette heure du crépuscule où nous nous tenons tous les deux n'est pas qu'un homme blesse l'autre, ou le mutile, ou le torture, ou lui arrache les membres et la tête, ou même le fasse pleurer ; la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait, de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur du jugement, une erreur, comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date.
Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton, 1985




lundi 10 février 2014

Toutes ces jolies techniques :


Jean-Marie Fadier                                                                                                                                                              : + :


1. Nous admettons que le présent est un guide de l'avenir bien plus utilisable que ne le montrerait jusqu'ici un examen candide de l'expérience passée. Autrement dit, nous ignorons largement quelles sont les perspectives de changements futurs, et nous ne savons rien de la forme réelle que prendront ces changements.
2. Nous admettons que l'état actuel de l'opinion, en tant qu'il est exprimé par les prix et par la production courante, est fondé sur une sommation correcte de prévisions quant à l'avenir, de sorte que nous pouvons l'accepter comme tel à moins que et jusqu'à ce que n'apparaisse quelque chose de nouveau et d'important.
3. Sachant que notre opinion propre et individuelle est dénuée de valeur, nous nous efforçons de retomber sur l'opinion du reste du monde, qui est peut-être mieux informé. C'est-à-dire que nous nous efforçons de nous conformer au comportement de la majorité ou au comportement moyen. La psychologie d'une société d'individus où chacun s'efforce de copier les autres suscite ce que nous sommes en droit de nommer très exactement un jugement conventionnel.
Or, une théorie pratique de l'avenir fondée sur ces trois principes présente certaines caractéristiques bien marquées. En particulier, puisqu'elle repose sur des fondements si peu solides, elle est sujette à des changements soudains et violents. La pratique établie, faite de tranquillité et d'immobilité, de certitude et de sécurité, peut s'effondrer tout à coup. Des craintes et des espoirs nouveaux se mettent alors à guider la conduite des hommes. Les forces de la désillusion peuvent brusquement imposer un nouveau barème d'appréciation par convention. Toutes ces jolies techniques très raffinées, faites pour une salle de conseil d'administration richement lambrissée et pour un marché réglé à merveille, risquent de s'écrouler. En tous temps, les peurs paniques les plus vagues ainsi que les espoirs sans fondement et tout aussi vagues ne sont jamais vraiment endormis et reposent juste en dessous de la surface.
John Maynard. Keynes, La théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie, traduit de l'anglais par Nicolas Jabko dans la Revue française d'économie
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dimanche 9 février 2014

Faux monnayage :


Mark A Reynolds - Ode to john Cage                                                                                                         : + :


Lorsque les opprimés, les écrasés, les asservis, sous l’empire de la ruse vindicative de l’impuissance, se mettent à dire : « Soyons le contraire des méchants, c’est-à-dire bons ! Est bon quiconque ne fait violence à personne, quiconque n’offense, ni n’attaque, n’use pas de représailles et laisse à Dieu le soin de la vengeance, quiconque se tient caché comme nous, évite la rencontre du mal et du reste attend peu de chose de la vie, comme nous, les patients, les humbles et les justes. » — Tout cela veut dire en somme, à l’écouter froidement et sans parti pris : « Nous, les faibles, nous sommes décidément faibles ; nous ferons donc bien de ne rien faire de tout ce pour quoi nous ne sommes pas assez forts. » — Mais cette constatation amère, cette prudence de qualité très inférieure que possède même l’insecte (qui, en cas de grand danger, fait le mort, pour ne rien faire de trop), grâce à ce faux monnayage, à cette impuissante duperie de soi, a pris les dehors pompeux de la vertu qui sait attendre, qui renonce et qui se tait, comme si la faiblesse même du faible — c’est-à-dire son essence, son activité, toute sa réalité unique, inévitable et indélébile — était un accomplissement libre, quelque chose de volontairement choisi, un acte de mérite. Cette espèce d’homme a un besoin de foi au « sujet » neutre, doué du libre arbitre, et cela par un instinct de conservation personnelle, d’affirmation de soi, par quoi tout mensonge cherche d’ordinaire à se justifier. Le sujet (ou, pour parler le langage populaire, l’âme) est peut-être resté jusqu’ici l’article de foi le plus inébranlable, par cette raison qu’il permet à la grande majorité des mortels, aux faibles et aux opprimés de toute espèce, cette sublime duperie de soi qui consiste à tenir la faiblesse elle-même pour une liberté, tel ou tel état nécessaire pour un mérite.
 Friedrich Nietzsche, La Généalogie de la morale I. 13, 1887,
traduit de l'allemand par Henri Albert
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samedi 8 février 2014

Et tant de trucs encore :


Jeff Cabella                                                                                                                                          : + :
 


Je voudrais pas crever

    Je voudrais pas crever
    Avant d'avoir connu
    Les chiens noirs du Mexique
    Qui dorment sans rêver
    Les singes à cul nu
    Dévoreurs de tropiques
    Les araignées d'argent
    Au nid truffé de bulles
    Je voudrais pas crever
    Sans savoir si la lune
    Sous son faux air de thune
    A un coté pointu
    Si le soleil est froid
    Si les quatre saisons
    Ne sont vraiment que quatre
    Sans avoir essayé
    De porter une robe
    Sur les grands boulevards
    Sans avoir regardé
    Dans un regard d'égout
    Sans avoir mis mon zobe
    Dans des coinstots bizarres
    Je voudrais pas finir
    Sans connaître la lèpre
    Ou les sept maladies
    Qu'on attrape là-bas
    Le bon ni le mauvais
    Ne me feraient de peine
    Si si si je savais
    Que j'en aurai l'étrenne
    Et il y a z aussi
    Tout ce que je connais
    Tout ce que j'apprécie
    Que je sais qui me plaît
    Le fond vert de la mer
    Où valsent les brins d'algues
    Sur le sable ondulé
    L'herbe grillée de juin
    La terre qui craquelle
    L'odeur des conifères
    Et les baisers de celle
    Que ceci que cela
    La belle que voilà
    Mon Ourson, l'Ursula
    Je voudrais pas crever
    Avant d'avoir usé
    Sa bouche avec ma bouche
    Son corps avec mes mains
    Le reste avec mes yeux
    J'en dis pas plus faut bien
    Rester révérencieux
    Je voudrais pas mourir
    Sans qu'on ait inventé
    Les roses éternelles
    La journée de deux heures
    La mer à la montagne
    La montagne à la mer
    La fin de la douleur
    Les journaux en couleur
    Tous les enfants contents
    Et tant de trucs encore
    Qui dorment dans les crânes
    Des géniaux ingénieurs
    Des jardiniers joviaux
    Des soucieux socialistes
    Des urbains urbanistes
    Et des pensifs penseurs
    Tant de choses à voir
    A voir et à z-entendre
    Tant de temps à attendre
    A chercher dans le noir

    Et moi je vois la fin
    Qui grouille et qui s'amène
    Avec sa gueule moche
    Et qui m'ouvre ses bras
    De grenouille bancroche

    Je voudrais pas crever
    Non monsieur non madame
    Avant d'avoir tâté
    Le goût qui me tourmente
    Le goût qu'est le plus fort
    Je voudrais pas crever
    Avant d'avoir goûté
    La saveur de la mort...
Boris Vian


vendredi 7 février 2014

Ce qui se lève en vous :

 
Noah Kalina                                                                                                                                           : + :



Rome, le 23 décembre 1903
Mon cher Monsieur Kappus,
Mon salut ne doit pas vous manquer pour le temps de Noël, quand, au milieu de la fête, vous porterez votre solitude plus durement qu'en un autre temps. Si vous sentez qu'alors votre solitude est grande, réjouissez-vous en. Dites-vous bien : que serait une solitude qui ne serait pas une grande solitude ? La solitude est une : elle est par essence grande et lourde à porter. Presque tous connaissent des heures qu'ils échangeraient volontiers contre un commerce quelconque, si banal et si médiocre fût-il, contre l'apparence du moindre accord avec le premier venu, même le plus indigne… Mais peut-être ces heures sont-elles précisément celles où la solitude grandit et sa croissance est douloureuse comme la croissance des enfants, et triste comme l'avant printemps. Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne c'est à cela qu'il faut parvenir. Etre seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elles font.
Le jour où l'on voit que leurs soucis sont misérables, leurs métiers refroidis et sans rapports avec la vie, comment alors ne pas continuer de les regarder, ainsi que fait l'enfant, comme chose étrangère, du fond de son propre monde, de sa grande solitude qui est elle-même travail, rang et métier ? Pourquoi ne pas vouloir échanger le sage ne-pas-comprendre de l'enfant contre lutte et mépris, puisque ne pas comprendre c'est accepter d'être seul, et que lutte et mépris ce sont des façons de prendre part aux choses mêmes que l'on veut ignorer ?
Appliquez, cher Monsieur, vos pensées au monde que vous portez en vous-même, appelez ces pensées comme vous voudrez. Mais qu'il s'agisse du souvenir de votre propre enfance ou du besoin passionné de votre accomplissement, concentrez-vous sur tout ce qui se lève en vous, faites-le passer avant tout ce que vous observez au-dehors. Vos événements intérieurs méritent tout votre amour.


Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, 1903, traduite de l'allemand par Bernard Grasset
en allemand : + :
la suite de cette lettre et les autres lettres, pdf : +
 

jeudi 6 février 2014

Un conditionnement collectif :




Le texte ci-dessus attribué à Aldous Huxley en 1939... Bizarre ?

Pourtant on trouve un peu partout sur le web le même texte repris avec différentes dates mais toujours attribué à Huxley : 

... : + : : + : : + : ...

Il existe une autre version avec une phrase en plus au début et une suite...

... : + : : + : ... 

...dans ce cas il y a souvent de nombreux commentaires sceptiques voire affolés ! Déjà la référence à la télé obligeait les posteurs à préciser  : 


Maintenant une référence à Hitler dans le meilleur des mondes ! ...
on peut par exemple douter que le livre ait été écrit en 1931 !


En conséquence, on peut attribuer la citation à Günther Anders : L’obsolescence de l'homme, 1956 
: + :
plusieurs semblent avoir changé d'avis comme l'indique le titre du billet inchangé après modification du contenu, ou d'autres incohérences ... amusez-vous !
 : + : : +:
mais non ...
: + :

Real Humans - série télévisée suédoise créée par Lars Lundström -réalisée par Harald Hamrell et Levan Akin - 2013

Après enquête il semble que le texte ait été écrit par Serge Carfantan, vers 2007 ... Il s’agirait d'une prosopopée, dans notre cas : une figure de style qui consiste à faire parler un mort. L'auteur nous indique bien :
"Le livre de Huxley est paru en 1932. Son caractère visionnaire est stupéfiant. Presque inquiétant. Tous les ingrédients du roman sont aujourd'hui effectivement réunis pour que le scénario soit … en passe d'être réalisé. Si nous devions formuler dans un discours une prosopopée du cynisme politique incarnée par le personnage cynique d'Huxley, cela donnerait quoi ?"
... suit le texte en question, cf. tout en bas de ce billet avant la photo.
L'attribution à Anders s'explique par le lien intercalé dans la 'citation' !
: + :




Le texte a donc vraisemblablement été copié sur le site de Serge Carfantan (j'ai depuis reçu sa confirmation) sans tenir compte de son introduction. Puis dans le vaste copier-coller numérique il s'est très darwinienne-ment dépouillé de sa référence à Hitler par trop impossible, puis affranchi du meilleur des mondes, il est enfin réapparut - à ma connaissance sur FB le 12 janvier 2014 - sous la forme du scan en introduction de ce billet et accompagné (SIC) d'une traduction en anglais, sa supposée langue d'origine ! Cherche sur google en mettant les guillemets, tu trouveras uniquement les liens FB sur des pages francophones et tu remonteras à la source !! Ce message, à l'heure actuelle, a été partagé à 338 reprises, sans compter les repartages ... et les repartages de repartages ...
 
Il est peu probable que cette enquête reçoive l'audience du Hoax qui l'a stimulé, ni n'en atténue la diffusion ; mais les liens mystérieux des thèmes évoqués par le texte et son chemin dans le monde m'émerveillent : l'accès au savoir  ... un bavardage et une musique incessante ... une constante apologie de la légèreté ...
We occupy the minds with what is futile and fun !!!!


Rions !
   


In order to stifle any rebellion in advance, it should not be there take in a violent manner. Simply create a collective packaging so powerful that the very idea of revolt even more come to the minds of men. The ideal would formatting individuals from birth limitingtheir innate biological ability.
Then we continue the packaging drastically reducing education to bring it to a form of integration. An uneducated person has a limited horizon thoughts and his thought is merely mediocre concerns, the less it may rebel. Must ensure that access to knowledge is becoming increasingly difficult and elitist. The gap between the people and the science, the information for the general public is anesthetized any subversive content. Especially not philosophy. Again, we must use persuasion and not direct violence is massively broadcast via television, information and entertainment always flattering emotional and instinctive. We occupy the minds with what is futile and fun. It is good in a ceaseless chatter and music to prevent the mind from thinking.
They will lay their sexuality at the forefront of human interests. As a social tranquilizer, there is nothing better. In general, we will make sure to banish the seriousness of life, to deride everything that has a high value, maintain a constant glorification of lightness, so that the euphoria of advertising become the standart human happiness and freedom model.
 Em'A, 2014, : + :


Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées (cf. les individus de type alpha, béta, gamma). Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. (cf. le rôle de la drogue et du sexe dans le roman de Huxley)à En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle ----------------intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir (la proposition est dans le roman!).
avec la confirmation de l'auteur : Serge Carfantan, 2007, leçon 163 : Sagesse et révolte
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Le meilleur des mondes pdf : + :
Oh, comme c'est bien discret, bien caché la vérité !
Bravo à ceux qui sont arrivés à la même conclusion avant pendant ou après...
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samedi 1 février 2014

Les jours les jours :

 
Marcelino Ueslei - Brazil- 2012                                                                                                                                         : + :


Quelle nuit
On se suspend
Entourée de tous ses monstres
Je les laisse
Je les laisse entrer
Ils me traversent
Laissant des milliers de petits éclats brillants
Pas douloureux du tout

Elodie Valette
: + : : + :


Mario De Armas - Guanajuato - Mexique - 2012                                                                                                           : + :


Je n’ai pas vu passer les jours
Peut-être s’étaient-ils cachés dans les plumes
De l’oreiller
Ou dans l’ombre de ton corps nu
J’attends qu’ils repassent les jours les jours où tu
Où je
Où le monde roulait sans conducteur


Baquba - Jorge Silva - 2005                                                                                                                                            : + :