lundi 30 janvier 2012

Chaos granitique : mystères de la morphogénèse

« Les granites ne se forment pas dans la terre comme des truffes, et ne croissent pas comme des sapins sur les roches calcaires ! » 
Horace-Bénédict de Saussure (1740-1799)










La porosité est une propriété générale et qui appartient à tous les corps ; mais elle n'appartient pas à tous au même degré.

Traité de physique Brisson t. I, p. 15 

 

Ces chaos granitiques sont constitués de « boules » de granite très peu altéré. Quand il pleut, l'eau ruisselle sur ces boules, sèche dès la fin des précipitations et n'altère que très peu la roche des chaos. Par contre, le sol et le sous sol situés à la base des chaos restent longtemps imbibés de l'eau de ces précipitations. Cette eau du sol et du sous-sol, rendue plus acide par le CO2 issus de la respiration des organismes du sol et par les acides humiques produit par la décomposition incomplète de la matière organique du sol, altère efficacement la roche du sous-sol. Or, les granites sont très souvent parcourus de diaclases. L'altération du granite et sa transformation en « arène granitique » (mélange d'argiles néoformées et de minéraux hérités comme des quartz et des feldspath) se fait donc dans les premiers décimètres ou mètres superficiels du sol, et plus en profondeur le long des diaclases permettant la circulation des eaux souterraines. L'altération le long des diaclases « épargne » les volumes situés entre elles, ce qui produit des « blocs » de granite sain entourés d'arène et de granite altéré, blocs de morphologie anguleuse dans la partie inférieure du profil, de morphologie de plus en plus ovoïde ou sphérique dans la partie supérieure.

Pierre Thomas

ENS Lyon - Laboratoire de Géologie de Lyon

dimanche 29 janvier 2012

Voyage en porteur :

Malika Khanfar : porteur-ISAA
Cette monstrueuse mécanique, loin d’être aussi chaude que pouvaient le laisser supposer ses bouffées de chaleur, sa musculature d’acier et sa respiration animale, l’effrayait, elle lui paraissait insensible aux préoccupations des humains, dans un fracas du tonnerre les arrachait à leurs affections, les transbahutait vers d’imprécises destinations où hélas, malgré l’attrait du voyage et de nouveaux lieux, la mort était pile au rendez-vous...

Voyage, voyage ! Henri Cachau

Porteur-ISAA et Sentinelle-MIDWIFE




samedi 28 janvier 2012

T e c h n o m a g i e :

Sam Van Olffen : adoration du veau d'or


"Aujourd'hui il y a tant de pression sur l'information qu'elle craque et déborde d'énergie, attirant mythologies, métaphysique et fragments de magie arcane" Erik Davis (1999:28)

Sam Van Olffen : Happyland Warzone 1


"La technique, dans son magnétisme archaïque et dans ses séduisantes formes contemporaines, est à nouveau et encore le totem de la société en gestation, son objet de culte et sa référence symbolique de base. Naviguer dans ce milieu équivaut ainsi à se poser en tant que thaumaturge d'un paysage dont le système des objets, dans toutes ses déclinaisons, n'est que la porte d'entrée. Un portail où l’imaginaire se fait objectif et fait pression sur le monde afin que l'univers physique entre en conjonction avec l'univers invisible et en prenne la forme." Vincenzo Susca : L'inquiétante merveille du totem


 


vendredi 27 janvier 2012

Parhélie : chien du soleil

halo solaire photographié par Marko Riikonen au Pôle Sud le 11 janvier 1999
Le manuscrit des sept soleils de Christoph Scheiner d'après une observation à Rome le 24 janvier 1630.

Chapitre 6 — Du parhélie. Des verges lumineuses. Explication de ces deux phénomènes ; moments où ils se produisent ; positions qu'ils prennent. Du halo.

(...)

§ 5. Quant au parhélie, il a lieu lorsque l'air est aussi homogène que possible, et qu'il est également dense partout, de manière à paraître blanc. La régularité du miroir fait qu'il n'y a qu'une seule couleur dans l'apparition. Mais la réfraction de la vision totale, en tombant tout entière sur le soleil, réfléchie par un brouillard qui est épais, et qui, sans être déjà, de l'eau, est tout proche d'en être, fait paraître la couleur propre du soleil comme elle serait réfractée par un airain poli ; et c'est à cause de son épaisseur.
§ 6. Ainsi donc, la lumière du soleil étant blanche, le parhélie paraît blanc tout comme lui. C'est là aussi ce qui fait que le parhélie est un signe de pluie bien plutôt que ne le sont les verges ; car alors l'air est bien mieux disposé pour produire de l'eau. L'air du midi en produit plus que celui du nord, parce que l'air du midi se change plus facilement en pluie que l'air du nord.
§ 7. Ces phénomènes se produisent ainsi que nous l'avons dit, au coucher et au lever du soleil ; et ils ne viennent ni d'en haut ni d'en bas, mais de côté, les verges aussi bien que les parhélies. Ils ne sont placés non plus ni trop près ni trop loin du soleil ; car si le soleil est près, il dissout l'agglomération ; et si elle est trop éloignée, la vue ne se réfracte pas ; car plus elle s'éloigne d'un si petit miroir, plus elle s'affaiblit.
§ 8. Voilà pourquoi les halos non plus ne se forment jamais à l'opposé du soleil. Si le halo se produit en haut [378a] et près du soleil, le soleil le dissout ; s'il est loin, la vue étant plus faible qu'il ne faut pour faire réfraction, elle ne tombera plus sur le soleil. Mais si le halo est placé obliquement et au-dessous de l'astre, il est possible que le miroir soit assez éloigné pour que, d'une part, le soleil ne puisse dissoudre l'agglomération, et que d'autre part, la vision reste assez compacte et entière pour que, portée vers la terre, elle ne s'égare pas comme si elle était portée au travers du vide.
§ 9. Le phénomène n'a pas lieu au-dessous du soleil, parce que près de la terre, il serait dissous par l'astre ; mais quand il est en haut dans le milieu du ciel, la vision se disperse et s'éteint. Et même, il ne se produit pas du tout obliquement quand le soleil est au milieu du ciel ; car la vision n'est pas portée sous la terre, de telle sorte qu'elle vient très peu vers le miroir, et que la partie réfractée devient absolument faible et impuissante.







jeudi 26 janvier 2012

Eduardo recife :


« Le collage est la plus noble conquête de l'irrationnel. C'est l'association de deux réalités irréconciliables en apparence, sur un plan qui semble ne convenir à aucune des deux »  Max Ernst






mercredi 25 janvier 2012

Le Mont Analogue de René Daumal :

Shen Li

Histoire des hommes-creux et de la Rose-amère


Les hommes-creux habitent dans la pierre, ils y circulent comme des cavernes voyageuses. Dans la glace ils se promènent comme des bulles en forme d’hommes. Mais dans l’air ils ne s’aventurent, car le vent les emporterait.
Ils ont des maisons dans la pierre, dont les murs sont faits de trous, et des tentes dans la glace, dont la toile est faite de bulles. Le jour ils restent dans la pierre, et la nuit errent dans la glace, où ils dansent à la pleine lune. Mais ne voient jamais le soleil, autrement ils éclateraient.
Ils ne mangent que du vide, ils mangent la forme des cadavres, ils s’enivrent de mots vides, de toutes les paroles vides que nous autres nous prononçons.
Certaines gens disent qu’ils furent toujours et seront toujours. D’autres disent qu’ils sont des morts. Et d’autres disent que chaque homme vivant a dans la montagne son homme-creux, comme l’épée a son fourreau, comme le pied a son empreinte, et qu’à la mort ils se rejoignent.

Au village des Cent-maisons vivait le vieux prêtre-magicien Kissé et sa femme Hulé-hulé. Ils avaient deux fils, deux jumeaux que rien ne distinguait, qui s’appelaient Mo et Ho. La mère elle-même les confondait. Pour les reconnaître, au jour de l’imposition des noms, on avait mis à Mo un collier portant une petite croix, à Ho un collier portant un petit anneau.
Le vieux Kissé avait un grand souci silencieux. Selon la coutume, son fils aîné devait lui succéder. Mais qui était son fils aîné ? Avait-il même un fils aîné ?
À l’âge d’adolescence, Mo et Ho étaient de finis montagnards. On les appelait les deux Passe-partout. Un jour leur père leur dit : « Celui de vous deux qui me rapportera la Rose-amère, à celui-là je transmettrai le grand savoir. »
La Rose-amère se tient au sommet des plus hauts pics. Celui qui en a mangé, dès qu’il s’apprête à dire un mensonge, tout haut ou tout bas, la langue lui brûle. Il peut encore dire des mensonges, mais alors il est prévenu. Quelques personnes ont aperçu la Rose-amère : cela ressemble, à ce qu’elles racontent, à une sorte de gros lichen multicolore, ou à un essaim de papillons. Mais personne ne l’a pu prendre, car le moindre frémissement de peur auprès d’elle l’effarouche, et elle rentre dans le rocher. Or, si même on la désire, on a toujours un peu peur de la posséder, et aussitôt elle disparaît.
Pour parler d’une action impossible, ou d’une entreprise absurde, on dit : « c’est chercher à voir la nuit en plein jour », ou : « c’est vouloir éclairer le soleil pour mieux le voir », ou encore : « c’est essayer d’attraper la Rose-amère ».

Mo a pris ses cordes et son marteau et sa hache et des crochets de fer. Le soleil l’a surpris aux flancs du pic Troue-les-nues. Comme un lézard parfois, et parfois comme une araignée, il s’élève le long de hautes parois rouges, entre le blanc des neiges et le bleu-noir du ciel. Les petits nuages rapides de temps en temps l’enveloppent, puis le rendent soudain à la lumière. Et voici qu’un peu au-dessus de lui il voit la Rose-amère, brillante de couleurs qui ne sont pas des sept couleurs. Il se répète sans arrêt le charme que son père lui a enseigné, et qui protège de la peur.
Il faudrait un piton ici, avec un étrier de corde, pour enfourcher ce cheval de pierre cabré. Il frappe du marteau, et sa main s’enfonce dans un trou. Il y a un creux sous la pierre. Il brise la croûte de rocher, et voit que ce creux a la forme d’un homme : un torse, des jambes, des bras, et des creux en forme de doigts écartés comme de terreur, et c’est la tête qu’il a crevée d’un coup de marteau.
Un vent glacé passe sur la pierre. Mo a tué un homme-creux. Il a frémi, et la Rose-amère est rentrée dans le rocher.

Mo redescend au village, et il va dire à son père : « J’ai tué un homme-creux. Mais j’ai vu la Rose-amère, et demain j’irai la chercher. »
Le vieux Kissé devenait sombre. Il voyait au loin les malheurs s’avancer en procession. Il dit : « Prends garde aux hommes-creux. Ils voudront venger leur mort. Dans notre monde ils ne peuvent entrer. Mais jusqu’à la surface des choses ils peuvent venir. Méfie-toi de la surface des choses. »
À l’aube du lendemain, Hulé-hulé la mère poussa un grand cri et se leva et courut vers la montagne. Au pied de la grande muraille rouge, les vêtements de Mo reposaient, et ses cordes et son marteau, et sa médaille avec la croix. Et son corps n’était plus là.
« Ho, mon fils ! » vint-elle crier, « mon fils, ils ont tué ton frère ! »
Ho se dresse, les dents serrées, la peau de son crâne se rétrécissait. Il prend sa hache et veut partir. Le père lui dit : « Écoute d’abord. Voici ce qu’il faut faire. Les hommes-creux ont pris ton frère. Ils l’ont changé en homme-creux. Il voudra leur échapper. Aux séracs du Glacier limpide il ira chercher la lumière. Mets à ton cou sa médaille avec la tienne. Va vers lui et frappe à la tête. Entre dans la forme de son corps. Et Mo revivra parmi nous. N’aie pas peur de tuer un mort. »

Dans la glace bleue du Glacier limpide, Ho regarde de tous ses yeux. Est-ce la lumière qui joue, ou bien ses yeux qui se troublent, ou voit-il bien ce qu’il voit ? Il voit des formes argentées, comme des plongeurs huilés dans l’eau, avec des jambes et des bras. Et voici son frère Mo, sa forme creuse qui s’enfuit, et mille hommes-creux le poursuivent, mais ils ont peur de la lumière. La forme de Mo fuit vers la lumière, elle monte dans un grand sérac bleu, et tourne sur elle-même comme pour chercher une porte.
Ho s’élance malgré son sang qui se caille et malgré son cœur qui se fend, – il dit à son sang, il dit à son cœur : « n’aie pas peur de tuer un mort », – il frappe à la tête en crevant la glace. La forme de Mo devient immobile, Ho fend la glace du sérac, et entre dans la forme de son frère, comme une épée dans son fourreau, comme un pied dans son empreinte. Il joue des coudes et se secoue, et tire ses jambes du moule de glace. Et il s’entend dire des paroles dans une langue qu’il n’a jamais parlée. Il sent qu’il est Ho, et qu’il est Mo en même temps. Tous les souvenirs de Mo sont entrés dans sa mémoire : avec le chemin du pic Troue-les-nues, et la demeure de la Rose-amère.
Avec au cou le cercle et la croix, il vient près de Hulé-hulé : « Mère, tu n’auras plus de peine à nous reconnaître, Mo et Ho sont dans le même corps, je suis ton seul fils Moho. »
Le vieux Kissé pleura deux larmes, son visage se déplia. Mais un doute encore il voulait trancher. Il dit à Moho : « Tu es mon seul fils, Ho et Mo n’ont plus à se distinguer. »
Mais Moho lui dit avec certitude : « Maintenant je peux atteindre la Rose-amère. Mo sait le chemin, Ho sait le geste à faire. Maître de la peur, j’aurai la fleur de discernement. »
Il cueillit la fleur, il eut le savoir, et le vieux Kissé put quitter ce monde.


Ce soir-là encore, le soleil se coucha sans nous ouvrir la porte d’un autre monde.

mardi 24 janvier 2012

Der Winter kalt und wild!


Les poèmes : ici
Une traduction là.

 Wunderlicher Alter,
Soll ich mit dir gehn?
Willst zu meinen Liedern
Deine Leier drehn?

Étrange vieillard, dois-je aller avec toi?

Voudrais-tu faire tourner ta vielle pour mes chants ?


Gefrorene Thränen

Gefrorne Tropfen fallen
Von meinen Wangen ab:
Und ist's mir denn entgangen,
Daß ich geweinet hab'?
Ei Thränen, meine Thränen,
Und seid ihr gar so lau,
Daß ihr erstarrt zu Eise,
Wie kühler Morgenthau?
Und dringt doch aus der Quelle
Der Brust so glühend heiß,
Als wolltet ihr zerschmelzen
Des ganzen Winters Eis.

Wilhelm Müller
Die Winterreise

lundi 23 janvier 2012

La diagonale du vide :

Pierre Péju 2009 édition folio :
Jean-Luc Godard : Pierrot le fou


p.23
Dans la solitude de ma chambre ardéchoise, de tels épisodes me revenaient de façon aléatoire. Réminiscences d'autant plus pénibles que j'aurais voulu ne plus penser à rien ni à personne. Pas même à la fulgurance de la mort, à l'apparente facilité des ruptures, à tout ce qui est "manqué" dans une vie, et au deuil le plus terrible qu'il nous reste à faire un jour : le deuil de ce qu'on n'a pas su aimer.


p.64
J'ai vu un homme plutôt rondouillard s'approcher de moi. Il avait de grosses moustaches poivre et sel, des cheveux trop longs qui débordaient sur son col, des yeux foncés et pétillants. Il portait un confortable pull-over délavé et pelucheux et frottait ses mains l'une contre l'autre en me souriant aimablement. Il émanait de tout son être quelque chose de rassurant, de paisible. Très spontanément, je lui ai tendu la main. Il l'a serrée avec une certaine chaleur. En tout cas avec naturel. Je n'avais toujours rien dit mais j'avais l'impression de connaître cet homme depuis longtemps.


p.264
Ce que je prenais pour de la générosité sexuelle n'était peut être qu'une parfaite indifférence, comme si sa chair était capable de se plier, plus ou moins sur commande, à ce qu'on attendait d'elle. Tour à tour provocante, douce, réactive, audacieuse, abandonnée, lascive, ferme, froide, elle échappait à toute emprise. Des nerfs, des muscles, des os, des organes, de la peau : faîtes en ce que vous voulez ! Pas de sensualité propre, mais, comme les vrais comédiens, un registre immense de conduites sensuelles.


p.282
Qu'on ne vienne pas clamer que cette fois s'en était trop ! Trop d'un coup ! Chacun sait bien à quel point, "dans la vie", contrairement aux romans dans lesquels l'action s'étire toujours de façon plus lente et plus significative, 'tout arrive en même temps" ! Dans la vie les évènements se carambolent, s'entassent, se superposent, se mélangent, se contredisent, se prolongent les uns les autres ou au contraire s'annulent mutuellement. Un malheur n'arrive jamais seul, prétend-on. Mais la meute des malheurs est souvent accompagnée par des bonheurs imprévus. Ou l'inverse. Dans la vie tout va trop vite ou trop fort, entre de longue période de calme plat.


p. 288
"Passer à l’écart, se manquer de peu, partir sur un coup de tête, s'en remettre aux rencontres : les petites briques du destin."


p.295
Il m'a semblé que quelque chose passait dans la nuit. Quelque chose qui s'offrait à moi avec évidence. Un signe sans date. Un clin d’œil du monde. Un trait invisible qui traverse le Temps qui, du coup, n'est plus "le Temps", mais l'espace ouvert où des êtres humains respirent et se taisent. Les vivants et les morts. Les gens. Les pauvres gens. Tout le monde. Et ce trait me traversait moi aussi, sans douleur. Il me dispensait de penser, de m'inquiéter. Tout ne tenait qu'à un fil. La perte à ma place, désormais.



(Tu me parles avec des mots et moi, je te regarde avec des sentiments. / Tu n’as jamais d’idée! Rien que des sentiments. / Avec toi on peut pas avoir de conversation. T'as jamais d'idées, toujours des sentiments. / Mais c'est pas vrai, il y a des idées dans les sentiments.)


dimanche 22 janvier 2012

Giacomo Leopardi : 1798-1837

" Il est souvent très utile de chercher à prouver une vérité déjà certaine, reconnue, et qui ne fait l'objet d'aucune controverse. Une vérité isolée, comme je l'ai dit ailleurs, a peu d'utilité, surtout pour le philosophe et le progrès de l'intellect. Si, en recherchant la preuve, on en connaît les rapports et les ramifications (but ultime de la philosophie), on découvre bien souvent beaucoup de vérités analogues, inconnues ou peu connues, ou certains de leurs rapports inconnus, etc.; finalement, on remonte bien souvent du connu à l'inconnu, ou du certain à l'incertain, ou du clair à l'obscur, ce qui est le procédé du vrai philosophe dans la recherche de la vérité. "
Zibaldone 1820

Sotirios Kotoulas continues his adventures in electromagnetic wave worlds, back at the Wuskwatim Dam. He writes

samedi 21 janvier 2012

Pli :



"Ah, le pli grec. C’est bien autre chose le pli grec. La danseuse s’élance et le pli s’organise comment ?
Ah, quelle nouvelle harmonie du pli ! Quelle nouvelle harmonie, voilà qu’au niveau de la poitrine, le pli fait comme ceci, s’incurve suivant une espèce de quoi ? de loi de proportion.
On dirait quoi ?
Disons tout de suite, suivant un module. Un module qui subsume des rapports internes, variables.
Au niveau de la poitrine, c’est ce mouvement et au niveau des jambes. Voyez, la souplesse du pli grec.
Oh, ça ça veut dire que les Grecs savaient faire ce que les Egyptiens ne savaient pas faire : aucun sens. Ça ne veut pas dire que cela soit faux, c’est que ça n’a aucun sens.
Qu’est-ce qu’on peut dire simplement, ils interprètent sûrement pas le vêtement de la même manière.
Qu’est-ce qu’on pourrait dire ? Du vêtement ? là je sors de Riegl mais c’est complètement son idée... j’en sors pas en fait.
Qu’est-ce qu’on pourrait dire du vêtement, des deux types de vêtements opposés.
On dirait par exemple ceci, c’est quoi, le vêtement grec : ce vêtement dont un bord est rabattu sur l’autre, là ce pli aplati, ce pli comme passé au fer. Il faudrait dire : « c’est un vêtement cristallin »."



"La division du continu ne doit pas être considérée comme celle du sable en grains, mais comme celle d'une feuille de papier ou d'une tunique en plis, de telle façon qu'il puisse y avoir une infinité de plis, les uns plus petits que les autres, sans que le corps se dissolve jamais en points ou minima."
Leibnitz.



Toujours un pli dans un pli, comme une caverne dans la caverne. L'unité de matière, le plus petit élément du labyrinthe, est pli...C'est pourquoi les parties de la matière sont des masses ou agrégats, comme corrélat de la force élastique compressive. Le dépli n'est donc pas le contraire du pli, mais suit le pli jusqu'à un autre pli. "Particules tournées en plis", et qu'un "effort contraire change et rechange". Plis des vents, des eaux, du feu et de la terre, et plis souterrains des filons dans la mine...
Gilles Deleuze




"Je réclame en toutes choses : de la vie, et tout simplement que cela existe. La question de savoir si c'est beau ou si c'est laid ne se pose pas. Le sentiment que l'oeuvre créée est pleine de vie, prime toute autre considération; c'est l'unique critère en matière d'art."
 Georg Büchner, Lenz



mercredi 18 janvier 2012

Hassan Fathy : construire avec le peuple

Mosquée à Gourna, Egypte, Hassan FATHY architecte.

"Parce que son expérience de la nature est amère, la surface de la terre, le paysage sont pour l‘Arabe un ennemi cruel, brûlant, aveuglant et aride, il ne trouve aucun réconfort à ouvrir sa maison à la nature au niveau du sol. L’aspect clément de la nature pour l’Arabe c’est le ciel, pur, dégagé, promettant la fraîcheur et l’eau vivifiante de ses nuages, s’opposant à l’étendue de sable désertique (...) Le moyen de faire tout cela, c’est la cour intérieure. La maison est un cube creux, tournant vers l’extérieur des murs aveugles, sans fenêtres, et dont les pièces s’ouvrent sur une cour d’où l’on ne peut voir que le ciel"   Hassan Fathy











"Droite est la voie du devoir, sinueux le chemin de la beauté" 
“here, for years, for centuries, the peasant had been wisely and quietly exploiting the obvious building material, while we, with our modern school-learned ideas, never dreamed of using such a ludicrous substance as mud for so serious a creation as a house.”
Hassan fathy