vendredi 30 décembre 2011

Irezumi :

« Chacun porte en lui une originalité productive qui est le noyau même de son être ; et s’il prend conscience de cette originalité, une étrange auréole, celle de l’extraordinaire, se dessine autour de lui. »
Friedrich Nietzsche

De jour en jour
la séduction se replie
mais ne se rend pas.


L'aventure
en battements d'ailes,
au fil de soi.


Sa peau fripée ondule,
Dans chaque pli
un secret
 .


La sieste à deux,
Une odeur unique,
Savoir que tu existes.
.

jeudi 29 décembre 2011

David Malin et la paresse :


La paresse

   L'âme adore nager.
   Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va en nageant. (Si votre âme s'en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l'âme partira avec une démarche et une forme différentes c'est ce que j'établirai plus tard.)
   On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement.
   Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.
   L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle à lui, et si ce fil se rompait (il est parfois très ténu, mais c'est une force effroyable qu'il faudrait pour rompre le fil), ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui).
   Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l'homme à l'âme s'écoulent des volumes et des volumes d'une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz - jouissance sans fin.
   C'est pourquoi le paresseux est indécrottable. Il ne changera jamais. C'est pourquoi aussi la paresse est la mère de tous les vices. Car qu'est-ce qui est plus égoïste que la paresse ?
   Elle a des fondements que l'orgueil n'a pas.
   Mais les gens s'acharnent sur les paresseux.
   Tandis qu'ils sont couchés, on les frappe, on leur jette de l'eau fraîche sur la tête, ils doivent vivement ramener leur âme. Ils vous regardent alors avec ce regard de haine, que l'on connaît bien, et qui se voit surtout chez les enfants.

Henri Michaux Mes propriétés (1930), dans La Nuit remue


Expe Noise Indus etc...





mercredi 28 décembre 2011

Quelque chose fuit :

Ce qui est certain c'est que le Dehors, je ne viens pas le visiter comme un parc, pour y faire une balade ! Je viens le chercher en moi, ici, parce qu'il est d'abord en nous, avant d'être cette sauvagerie qui nous donne le goût d'être et de nous battre ! Le Dehors, c'est l'intime vent, court, vif, qui flue au fond de nos tripes. Il circule en nous, il serpente entre nos atomes de matières, accélère, décélère, jaillit, donne un rythme, agite ! Et la matière cherche à le calmer, à le mettre en cellule, veut le bloquer, le fait buter. Elle fixe. Elle assigne; si elle bouge, c'est comme le sang, par les réseaux établis. Alors que le Dehors, qui vient de nulle part, eh bien va partout, court-circuite les réseaux, il lie ce qui ne l'a jamais été ; les reins aux seins, la bouche aux mains, les mains aux monde... Il nous aère. Il nous troue le ventre, le coeur. Creuse le crâne. Et chaque fois qu'un vide se fait, que ça se déchire du dedans pour s'ouvrir, même un tout petit peu, alors passe un vent, quelque chose fuit, qui fait appel d'air, ça vit. Ce que je viens chercher ici, c'est cette sensation que l'espace prolifère en moi, comme un cancer qui ferait sa propre place, avec de l'air. Le Dehors entre, m'ouvre, il météorise, il oxygène et ainsi se forme la pensée, ainsi la sensation, lorsqu'elle est neuve et inouïe.

Alain Damasio, La zone du dehors,  1999



lundi 26 décembre 2011

Reproduction des oursins :

En vidéo ici et sur le web...

« il nous faut admirer humblement l'harmonieuse beauté de la structure de ce monde, dans la mesure où nous pouvons la saisir »  Albert Einstein (1945).


« Lorsque nous nous rendons compte qu'un certain aboutissement actuel aurait pu ne pas être, que tout changement à n'importe quel étage de la séquence aurait déchaîné une cascade d'événements dans une direction toute différente, alors nous mesurons le poids de chaque événement individuel comme facteur d'orientation(13). »  Stephen Jay Gould, La vie est belle, les surprises de l'évolution.


« Il est intéressant de contempler un rivage luxuriant tapissé de nombreuses plantes appartenant à de nombreuses espèces abritant des oiseaux qui chantent dans les buissons, des insectes variés qui voltigent çà et là, des vers qui rampent dans la terre humide, si l'on songe que ces formes si admirablement construites, si différemment conformées, et dépendantes les unes des autres d'une manière si complexe, ont toutes été produites par des lois qui agissent autour de nous. [...] Le résultat direct de cette guerre de la nature, qui se traduit par la famine et par la mort, est donc le fait le plus admirable que nous puissions concevoir, à savoir : la production des animaux supérieurs. N'y a-t-il pas une véritable grandeur dans cette manière d'envisager la vie, avec ses puissances diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule ? Or, tandis que notre planète, obéissant à la loi fixe de la gravitation, continue à tourner dans son orbite, une quantité infinie de belles et admirables formes, sorties d'un commencement si simple, n'ont pas cessé de se développer et se développent encore  ! »   Ch. Darwin, De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la lutte pour l'existence dans la nature


dimanche 25 décembre 2011

Nuit de Noël :


" Aux mines de Salzbourg, on jette dans les profondeurs abandonnées de la mine un rameau d'arbre effeuillé par l'hiver ; deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes : les plus petites branches celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d'une mésange sont garnies d'une infinité de diamants mobiles et éblouissants ; on ne peut plus reconnaître le rameau primitif.

Ce que j'appelle cristallisation, c'est l'opération de l'esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l'objet aimé a de nouvelles perfections. »
Stendhal  : De l'amour.


samedi 24 décembre 2011

Hiroshi Sugimoto: Lightning Fields

Sugimoto utilise un générateur de Van de Graaf pour impressionner des pellicules argentiques avec de violentes décharges électriques. Le résultat à regarder en écoutant Venatian snares ?

« (...) le physicien proclame bien haut que les phénomènes physiques auxquels nous sommes confrontés n'ont pas moins de beauté et sont à peine moins variés que ceux qui suscitent notre admiration au sein du monde vivant. Les vagues de l'océan, les vaguelettes qui viennent mourir sur le sable, la courbe harmonieuse d'une baie, la ligne des collines sur l'horizon, la forme des nuages, tous ces phénomènes sont autant d'énigmes dans le domaine de la forme, autant de problèmes dans le domaine de la morphologie. »  D'Arcy Wenworth Thompson   1917


jeudi 22 décembre 2011

S I D D H A R T A :

'Roman pour hippies mais c'est Hermann Hesse alors on le pardonne.'

"Sous des cheveux noirs, relevés très haut, il vit une figure claire, très fine, très intelligente, une bouche d'un rouge clair comme une figue fraîchement ouverte, des sourcils soigneusement peints en courbe élevée, des yeux noirs intelligents et en éveil, un col long et brillant qui s'échappait d'un corsage vert et or, des mains immobiles, longues et étroites, avec de larges bracelets d'or aux poignets. Siddharta vit combien elle était belle et son cœur en tressaillit de joie."



"N'était ce pas son moi, ce moi mesquin, anxieux et orgueilleux contre lequel il avait lutté tant d'années, qui l'avait toujours vaincu et qui renaissait après chaque victoire pour lui interdire la joie et lui inspirer la crainte ? N'était ce pas lui qui aujourd'hui avait été définitivement anéanti, là, dans la forêt sur le bord de ce joli fleuve ? Et n'était-ce pas cet anéantissement qui le rendait maintenant aussi confiant qu'un enfant, qui bannissait de lui la crainte et le comblait de joie ?"

"Il y a un enseignement dont tu vas rire, c'est que l'Amour, ô Govinda, doit tout dominer. Analyser le monde, l'expliquer, le mépriser, cela peut être l'affaire des grands penseurs. Mais pour moi il n'y a qu'une chose qui importe, c'est de pouvoir l'aimer, de ne pas le mépriser, de ne point le haïr tout en ne me haïssant pas moi même, de pouvoir unir dans mon amour, dans mon admiration et dans mon respect de tous les êtres de la terre sans m'en exclure."

"Ce n'est pas dans le discours ni dans le penser que réside sa grandeur ; mais dans les actes, dans sa vie."