mardi 31 janvier 2012
lundi 30 janvier 2012
Chaos granitique : mystères de la morphogénèse
« Les granites ne se forment pas dans la terre comme des truffes, et ne croissent pas comme des sapins sur les roches calcaires ! »
Traité de physique Brisson t. I, p. 15
Horace-Bénédict de Saussure (1740-1799)
La porosité est une propriété générale et qui appartient à tous les corps ; mais elle n'appartient pas à tous au même degré.
Ces chaos granitiques sont constitués de « boules » de granite très peu altéré. Quand il pleut, l'eau ruisselle sur ces boules, sèche dès la fin des précipitations et n'altère que très peu la roche des chaos. Par contre, le sol et le sous sol situés à la base des chaos restent longtemps imbibés de l'eau de ces précipitations. Cette eau du sol et du sous-sol, rendue plus acide par le CO2 issus de la respiration des organismes du sol et par les acides humiques produit par la décomposition incomplète de la matière organique du sol, altère efficacement la roche du sous-sol. Or, les granites sont très souvent parcourus de diaclases. L'altération du granite et sa transformation en « arène granitique » (mélange d'argiles néoformées et de minéraux hérités comme des quartz et des feldspath) se fait donc dans les premiers décimètres ou mètres superficiels du sol, et plus en profondeur le long des diaclases permettant la circulation des eaux souterraines. L'altération le long des diaclases « épargne » les volumes situés entre elles, ce qui produit des « blocs » de granite sain entourés d'arène et de granite altéré, blocs de morphologie anguleuse dans la partie inférieure du profil, de morphologie de plus en plus ovoïde ou sphérique dans la partie supérieure.
Pierre Thomas
ENS Lyon - Laboratoire de Géologie de Lyon
dimanche 29 janvier 2012
Voyage en porteur :
Malika Khanfar : porteur-ISAA |
Voyage, voyage ! Henri Cachau
Porteur-ISAA et Sentinelle-MIDWIFE |
samedi 28 janvier 2012
T e c h n o m a g i e :
Sam Van Olffen : adoration du veau d'or |
"Aujourd'hui il y a tant de pression sur l'information qu'elle craque et déborde d'énergie, attirant mythologies, métaphysique et fragments de magie arcane" Erik Davis (1999:28)
Sam Van Olffen : Happyland Warzone 1 |
"La technique, dans son magnétisme archaïque et dans ses séduisantes formes contemporaines, est à nouveau et encore le totem de la société en gestation, son objet de culte et sa référence symbolique de base. Naviguer dans ce milieu équivaut ainsi à se poser en tant que thaumaturge d'un paysage dont le système des objets, dans toutes ses déclinaisons, n'est que la porte d'entrée. Un portail où l’imaginaire se fait objectif et fait pression sur le monde afin que l'univers physique entre en conjonction avec l'univers invisible et en prenne la forme." Vincenzo Susca : L'inquiétante merveille du totem
vendredi 27 janvier 2012
Parhélie : chien du soleil
halo solaire photographié par Marko Riikonen au Pôle Sud le 11 janvier 1999 |
Le manuscrit des sept soleils de Christoph Scheiner d'après une observation à Rome le 24 janvier 1630. |
Chapitre 6 — Du parhélie. Des verges lumineuses. Explication de ces deux phénomènes ; moments où ils se produisent ; positions qu'ils prennent. Du halo.
(...)
§ 5. Quant au
parhélie, il a lieu lorsque l'air est aussi homogène que possible, et qu'il est
également dense partout, de manière à paraître blanc. La régularité du miroir
fait qu'il n'y a qu'une seule couleur dans l'apparition. Mais la réfraction de
la vision totale, en tombant tout entière sur le soleil, réfléchie par un
brouillard qui est épais, et qui, sans être déjà, de l'eau, est tout proche
d'en être, fait paraître la couleur propre du soleil comme elle serait
réfractée par un airain poli ; et c'est à cause de son épaisseur.
§ 6. Ainsi donc, la
lumière du soleil étant blanche, le parhélie paraît blanc tout comme lui. C'est
là aussi ce qui fait que le parhélie est un signe de pluie bien plutôt que ne
le sont les verges ; car alors l'air est bien mieux disposé pour produire de
l'eau. L'air du midi en produit plus que celui du nord, parce que l'air du midi
se change plus facilement en pluie que l'air du nord.
§ 7. Ces phénomènes
se produisent ainsi que nous l'avons dit, au coucher et au lever du soleil ; et
ils ne viennent ni d'en haut ni d'en bas, mais de côté, les verges aussi bien
que les parhélies. Ils ne sont placés non plus ni trop près ni trop loin du
soleil ; car si le soleil est près, il dissout l'agglomération ; et si elle est
trop éloignée, la vue ne se réfracte pas ; car plus elle s'éloigne d'un si
petit miroir, plus elle s'affaiblit.
§ 8. Voilà pourquoi
les halos non plus ne se forment jamais à l'opposé du soleil. Si le halo se
produit en haut [378a] et près du soleil, le soleil le dissout ;
s'il est loin, la vue étant plus faible qu'il ne faut pour faire réfraction,
elle ne tombera plus sur le soleil. Mais si le halo est placé obliquement et
au-dessous de l'astre, il est possible que le miroir soit assez éloigné pour
que, d'une part, le soleil ne puisse dissoudre l'agglomération, et que d'autre
part, la vision reste assez compacte et entière pour que, portée vers la terre,
elle ne s'égare pas comme si elle était portée au travers du vide.
§ 9. Le phénomène
n'a pas lieu au-dessous du soleil, parce que près de la terre, il serait
dissous par l'astre ; mais quand il est en haut dans le milieu du ciel, la
vision se disperse et s'éteint. Et même, il ne se produit pas du tout
obliquement quand le soleil est au milieu du ciel ; car la vision n'est pas
portée sous la terre, de telle sorte qu'elle vient très peu vers le miroir, et
que la partie réfractée devient absolument faible et impuissante.jeudi 26 janvier 2012
Eduardo recife :
« Le collage est la plus noble conquête de l'irrationnel. C'est l'association de deux réalités irréconciliables en apparence, sur un plan qui semble ne convenir à aucune des deux » Max Ernst
mercredi 25 janvier 2012
Le Mont Analogue de René Daumal :
Shen Li |
Histoire des hommes-creux
et de la Rose-amère
Les hommes-creux habitent
dans la pierre, ils y circulent comme des cavernes voyageuses. Dans la glace
ils se promènent comme des bulles en forme d’hommes. Mais dans l’air ils ne s’aventurent,
car le vent les emporterait.
Ils ont des maisons dans
la pierre, dont les murs sont faits de trous, et des tentes dans la glace, dont
la toile est faite de bulles. Le jour ils restent dans la pierre, et la nuit
errent dans la glace, où ils dansent à la pleine lune. Mais ne voient jamais le
soleil, autrement ils éclateraient.
Ils ne mangent que du
vide, ils mangent la forme des cadavres, ils s’enivrent de mots vides, de
toutes les paroles vides que nous autres nous prononçons.
Certaines gens disent qu’ils
furent toujours et seront toujours. D’autres disent qu’ils sont des morts. Et d’autres
disent que chaque homme vivant a dans la montagne son homme-creux, comme l’épée
a son fourreau, comme le pied a son empreinte, et qu’à la mort ils se rejoignent.
Au village des
Cent-maisons vivait le vieux prêtre-magicien Kissé et sa femme Hulé-hulé. Ils
avaient deux fils, deux jumeaux que rien ne distinguait, qui s’appelaient Mo et
Ho. La mère elle-même les confondait. Pour les reconnaître, au jour de l’imposition
des noms, on avait mis à Mo un collier portant une petite croix, à Ho un
collier portant un petit anneau.
Le vieux Kissé avait un
grand souci silencieux. Selon la coutume, son fils aîné devait lui succéder.
Mais qui était son fils aîné ? Avait-il même un fils aîné ?
À l’âge d’adolescence, Mo
et Ho étaient de finis montagnards. On les appelait les deux Passe-partout. Un
jour leur père leur dit : « Celui de vous deux qui me rapportera la
Rose-amère, à celui-là je transmettrai le grand savoir. »
La Rose-amère se tient au
sommet des plus hauts pics. Celui qui en a mangé, dès qu’il s’apprête à dire un
mensonge, tout haut ou tout bas, la langue lui brûle. Il peut encore dire des
mensonges, mais alors il est prévenu. Quelques personnes ont aperçu la Rose-amère :
cela ressemble, à ce qu’elles racontent, à une sorte de gros lichen
multicolore, ou à un essaim de papillons. Mais personne ne l’a pu prendre, car
le moindre frémissement de peur auprès d’elle l’effarouche, et elle rentre dans
le rocher. Or, si même on la désire, on a toujours un peu peur de la posséder,
et aussitôt elle disparaît.
Pour parler d’une action
impossible, ou d’une entreprise absurde, on dit : « c’est chercher à
voir la nuit en plein jour », ou : « c’est vouloir éclairer le
soleil pour mieux le voir », ou encore : « c’est essayer d’attraper
la Rose-amère ».
Mo a pris ses cordes et
son marteau et sa hache et des crochets de fer. Le soleil l’a surpris aux
flancs du pic Troue-les-nues. Comme un lézard parfois, et parfois comme une
araignée, il s’élève le long de hautes parois rouges, entre le blanc des neiges
et le bleu-noir du ciel. Les petits nuages rapides de temps en temps l’enveloppent,
puis le rendent soudain à la lumière. Et voici qu’un peu au-dessus de lui il
voit la Rose-amère, brillante de couleurs qui ne sont pas des sept couleurs. Il
se répète sans arrêt le charme que son père lui a enseigné, et qui protège de
la peur.
Il faudrait un piton ici,
avec un étrier de corde, pour enfourcher ce cheval de pierre cabré. Il frappe
du marteau, et sa main s’enfonce dans un trou. Il y a un creux sous la pierre.
Il brise la croûte de rocher, et voit que ce creux a la forme d’un homme :
un torse, des jambes, des bras, et des creux en forme de doigts écartés comme
de terreur, et c’est la tête qu’il a crevée d’un coup de marteau.
Un vent glacé passe sur
la pierre. Mo a tué un homme-creux. Il a frémi, et la Rose-amère est rentrée
dans le rocher.
Mo redescend au village,
et il va dire à son père : « J’ai tué un homme-creux. Mais j’ai vu la
Rose-amère, et demain j’irai la chercher. »
Le vieux Kissé devenait
sombre. Il voyait au loin les malheurs s’avancer en procession. Il dit : « Prends
garde aux hommes-creux. Ils voudront venger leur mort. Dans notre monde ils ne
peuvent entrer. Mais jusqu’à la surface des choses ils peuvent venir. Méfie-toi
de la surface des choses. »
À l’aube du lendemain,
Hulé-hulé la mère poussa un grand cri et se leva et courut vers la montagne. Au
pied de la grande muraille rouge, les vêtements de Mo reposaient, et ses cordes
et son marteau, et sa médaille avec la croix. Et son corps n’était plus là.
« Ho, mon fils ! »
vint-elle crier, « mon fils, ils ont tué ton frère ! »
Ho se dresse, les dents
serrées, la peau de son crâne se rétrécissait. Il prend sa hache et veut
partir. Le père lui dit : « Écoute d’abord. Voici ce qu’il faut
faire. Les hommes-creux ont pris ton frère. Ils l’ont changé en homme-creux. Il
voudra leur échapper. Aux séracs du Glacier limpide il ira chercher la lumière.
Mets à ton cou sa médaille avec la tienne. Va vers lui et frappe à la tête.
Entre dans la forme de son corps. Et Mo revivra parmi nous. N’aie pas peur de
tuer un mort. »
Dans la glace bleue du
Glacier limpide, Ho regarde de tous ses yeux. Est-ce la lumière qui joue, ou
bien ses yeux qui se troublent, ou voit-il bien ce qu’il voit ? Il voit
des formes argentées, comme des plongeurs huilés dans l’eau, avec des jambes et
des bras. Et voici son frère Mo, sa forme creuse qui s’enfuit, et mille
hommes-creux le poursuivent, mais ils ont peur de la lumière. La forme de Mo
fuit vers la lumière, elle monte dans un grand sérac bleu, et tourne sur
elle-même comme pour chercher une porte.
Ho s’élance malgré son
sang qui se caille et malgré son cœur qui se fend, – il dit à son sang, il dit
à son cœur : « n’aie pas peur de tuer un mort », – il frappe à
la tête en crevant la glace. La forme de Mo devient immobile, Ho fend la glace
du sérac, et entre dans la forme de son frère, comme une épée dans son
fourreau, comme un pied dans son empreinte. Il joue des coudes et se secoue, et
tire ses jambes du moule de glace. Et il s’entend dire des paroles dans une
langue qu’il n’a jamais parlée. Il sent qu’il est Ho, et qu’il est Mo en même
temps. Tous les souvenirs de Mo sont entrés dans sa mémoire : avec le
chemin du pic Troue-les-nues, et la demeure de la Rose-amère.
Avec au cou le cercle et
la croix, il vient près de Hulé-hulé : « Mère, tu n’auras plus de
peine à nous reconnaître, Mo et Ho sont dans le même corps, je suis ton seul
fils Moho. »
Le vieux Kissé pleura
deux larmes, son visage se déplia. Mais un doute encore il voulait trancher. Il
dit à Moho : « Tu es mon seul fils, Ho et Mo n’ont plus à se
distinguer. »
Mais Moho lui dit avec
certitude : « Maintenant je peux atteindre la Rose-amère. Mo sait le
chemin, Ho sait le geste à faire. Maître de la peur, j’aurai la fleur de
discernement. »
Il cueillit la fleur, il
eut le savoir, et le vieux Kissé put quitter ce monde.
Ce soir-là encore, le
soleil se coucha sans nous ouvrir la porte d’un autre monde.
mardi 24 janvier 2012
Der Winter kalt und wild!
Les poèmes : ici
Une traduction là.
Wunderlicher Alter,
Soll ich mit dir gehn?
Willst zu meinen Liedern
Deine Leier drehn?
Soll ich mit dir gehn?
Willst zu meinen Liedern
Deine Leier drehn?
Étrange vieillard, dois-je aller avec toi?
Voudrais-tu faire tourner ta vielle pour mes chants ?
Gefrorene Thränen
Gefrorne Tropfen fallen
Von meinen Wangen ab:
Und ist's mir denn entgangen,
Daß ich geweinet hab'?
Ei Thränen, meine Thränen,
Und seid ihr gar so lau,
Daß ihr erstarrt zu Eise,
Wie kühler Morgenthau?
Und dringt doch aus der Quelle
Der Brust so glühend heiß,
Als wolltet ihr zerschmelzen
Des ganzen Winters Eis.
Und seid ihr gar so lau,
Daß ihr erstarrt zu Eise,
Wie kühler Morgenthau?
Und dringt doch aus der Quelle
Der Brust so glühend heiß,
Als wolltet ihr zerschmelzen
Des ganzen Winters Eis.
Wilhelm Müller
Die Winterreise
Die Winterreise
lundi 23 janvier 2012
La diagonale du vide :
Pierre Péju 2009 édition folio :
p.23
p.64
p.264
p.282
p. 288
"Passer à l’écart, se manquer de peu, partir sur un coup de tête, s'en remettre aux rencontres : les petites briques du destin."
p.295
(Tu me parles avec des mots et moi, je te regarde avec des sentiments. / Tu n’as jamais d’idée! Rien que des sentiments. / Avec toi on peut pas avoir de conversation. T'as jamais d'idées, toujours des sentiments. / Mais c'est pas vrai, il y a des idées dans les sentiments.)
Jean-Luc Godard : Pierrot le fou
p.23
Dans la solitude de ma chambre ardéchoise, de tels épisodes me revenaient de façon aléatoire. Réminiscences d'autant plus pénibles que j'aurais voulu ne plus penser à rien ni à personne. Pas même à la fulgurance de la mort, à l'apparente facilité des ruptures, à tout ce qui est "manqué" dans une vie, et au deuil le plus terrible qu'il nous reste à faire un jour : le deuil de ce qu'on n'a pas su aimer.
p.64
J'ai vu un homme plutôt rondouillard s'approcher de moi. Il avait de grosses moustaches poivre et sel, des cheveux trop longs qui débordaient sur son col, des yeux foncés et pétillants. Il portait un confortable pull-over délavé et pelucheux et frottait ses mains l'une contre l'autre en me souriant aimablement. Il émanait de tout son être quelque chose de rassurant, de paisible. Très spontanément, je lui ai tendu la main. Il l'a serrée avec une certaine chaleur. En tout cas avec naturel. Je n'avais toujours rien dit mais j'avais l'impression de connaître cet homme depuis longtemps.
p.264
Ce que je prenais pour de la générosité sexuelle n'était peut être qu'une parfaite indifférence, comme si sa chair était capable de se plier, plus ou moins sur commande, à ce qu'on attendait d'elle. Tour à tour provocante, douce, réactive, audacieuse, abandonnée, lascive, ferme, froide, elle échappait à toute emprise. Des nerfs, des muscles, des os, des organes, de la peau : faîtes en ce que vous voulez ! Pas de sensualité propre, mais, comme les vrais comédiens, un registre immense de conduites sensuelles.
p.282
Qu'on ne vienne pas clamer que cette fois s'en était trop ! Trop d'un coup ! Chacun sait bien à quel point, "dans la vie", contrairement aux romans dans lesquels l'action s'étire toujours de façon plus lente et plus significative, 'tout arrive en même temps" ! Dans la vie les évènements se carambolent, s'entassent, se superposent, se mélangent, se contredisent, se prolongent les uns les autres ou au contraire s'annulent mutuellement. Un malheur n'arrive jamais seul, prétend-on. Mais la meute des malheurs est souvent accompagnée par des bonheurs imprévus. Ou l'inverse. Dans la vie tout va trop vite ou trop fort, entre de longue période de calme plat.
p. 288
"Passer à l’écart, se manquer de peu, partir sur un coup de tête, s'en remettre aux rencontres : les petites briques du destin."
p.295
Il m'a semblé que quelque chose passait dans la nuit. Quelque chose qui s'offrait à moi avec évidence. Un signe sans date. Un clin d’œil du monde. Un trait invisible qui traverse le Temps qui, du coup, n'est plus "le Temps", mais l'espace ouvert où des êtres humains respirent et se taisent. Les vivants et les morts. Les gens. Les pauvres gens. Tout le monde. Et ce trait me traversait moi aussi, sans douleur. Il me dispensait de penser, de m'inquiéter. Tout ne tenait qu'à un fil. La perte à ma place, désormais.
(Tu me parles avec des mots et moi, je te regarde avec des sentiments. / Tu n’as jamais d’idée! Rien que des sentiments. / Avec toi on peut pas avoir de conversation. T'as jamais d'idées, toujours des sentiments. / Mais c'est pas vrai, il y a des idées dans les sentiments.)
dimanche 22 janvier 2012
Giacomo Leopardi : 1798-1837
" Il est souvent très utile de chercher à prouver une vérité déjà certaine, reconnue, et qui ne fait l'objet d'aucune controverse. Une vérité isolée, comme je l'ai dit ailleurs, a peu d'utilité, surtout pour le philosophe et le progrès de l'intellect. Si, en recherchant la preuve, on en connaît les rapports et les ramifications (but ultime de la philosophie), on découvre bien souvent beaucoup de vérités analogues, inconnues ou peu connues, ou certains de leurs rapports inconnus, etc.; finalement, on remonte bien souvent du connu à l'inconnu, ou du certain à l'incertain, ou du clair à l'obscur, ce qui est le procédé du vrai philosophe dans la recherche de la vérité. "
Zibaldone 1820
Sotirios Kotoulas continues his adventures in electromagnetic wave worlds, back at the Wuskwatim Dam. He writes |
samedi 21 janvier 2012
Pli :
"Ah, le pli grec. C’est bien autre chose le pli grec. La danseuse
s’élance et le pli s’organise comment ?
Ah, quelle nouvelle harmonie du
pli ! Quelle nouvelle harmonie, voilà qu’au niveau de la poitrine, le
pli fait comme ceci, s’incurve suivant une espèce de quoi ? de loi de
proportion.
On dirait quoi ?
Disons tout de suite, suivant un module. Un
module qui subsume des rapports internes, variables.
Au niveau de la
poitrine, c’est ce mouvement et au niveau des jambes. Voyez, la
souplesse du pli grec.
Oh, ça ça veut dire que les Grecs savaient faire
ce que les Egyptiens ne savaient pas faire : aucun sens. Ça ne veut pas
dire que cela soit faux, c’est que ça n’a aucun sens.
Qu’est-ce qu’on
peut dire simplement, ils interprètent sûrement pas le vêtement de la
même manière.
Qu’est-ce qu’on pourrait dire ? Du vêtement ? là je sors
de Riegl mais c’est complètement son idée... j’en sors pas en fait.
Qu’est-ce qu’on pourrait dire du vêtement, des deux types de vêtements
opposés.
On dirait par exemple ceci, c’est quoi, le vêtement grec : ce
vêtement dont un bord est rabattu sur l’autre, là ce pli aplati, ce pli
comme passé au fer. Il faudrait dire : « c’est un vêtement cristallin »."
"La division du continu ne doit pas être considérée
comme celle du sable en grains, mais comme celle d'une feuille de
papier ou d'une tunique en plis, de telle façon qu'il puisse
y avoir une infinité de plis, les uns plus petits que les autres,
sans que le corps se dissolve jamais en points ou minima."
Leibnitz.
Toujours un pli dans un pli, comme une caverne dans la caverne. L'unité
de matière, le plus petit élément du labyrinthe,
est pli...C'est pourquoi les parties de la matière sont des
masses ou agrégats, comme corrélat de la force élastique
compressive. Le dépli n'est donc pas le contraire du pli, mais
suit le pli jusqu'à un autre pli. "Particules tournées
en plis", et qu'un "effort contraire change et rechange".
Plis des vents, des eaux, du feu et de la terre, et plis souterrains
des filons dans la mine...
Gilles Deleuze
"Je réclame en toutes choses : de la vie, et tout simplement
que cela existe. La question de savoir si c'est beau ou si c'est laid
ne se pose pas. Le sentiment que l'oeuvre créée est
pleine de vie, prime toute autre considération; c'est l'unique
critère en matière d'art."
Georg
Büchner, Lenz
vendredi 20 janvier 2012
jeudi 19 janvier 2012
mercredi 18 janvier 2012
Hassan Fathy : construire avec le peuple
Mosquée à Gourna, Egypte, Hassan FATHY architecte. |
"Parce que son expérience de la nature est amère, la surface de la terre, le paysage sont pour l‘Arabe un ennemi cruel, brûlant, aveuglant et aride, il ne trouve aucun réconfort à ouvrir sa maison à la nature au niveau du sol. L’aspect clément de la nature pour l’Arabe c’est le ciel, pur, dégagé, promettant la fraîcheur et l’eau vivifiante de ses nuages, s’opposant à l’étendue de sable désertique (...) Le moyen de faire tout cela, c’est la cour intérieure. La maison est un cube creux, tournant vers l’extérieur des murs aveugles, sans fenêtres, et dont les pièces s’ouvrent sur une cour d’où l’on ne peut voir que le ciel" Hassan Fathy
"Droite est la voie du devoir, sinueux le chemin de la beauté"
“here, for years, for centuries, the peasant had been wisely and quietly exploiting the obvious building material, while we, with our modern school-learned ideas, never dreamed of using such a ludicrous substance as mud for so serious a creation as a house.”
Hassan fathy
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