mercredi 20 mars 2013

La pesanteur et la grace :


Human Pyramid on Beach, Coney Island?, New York - 1930/34 - Walker Evans

L’amour, chez celui qui est heureux, est de vouloir partager la souffrance de l’aimé malheureux.
L’amour, chez celui qui est malheureux, est d’être comblé par la simple connaissance que l’aimé est dans la joie, sans avoir part à cette joie, ni même désirer y avoir part.
(...)
C’est une lâcheté de chercher auprès des gens qu’on aime (ou de désirer leur donner) un autre réconfort que celui que nous donnent les œuvres d’art, qui nous aident du simple fait qu’elles existent. Aimer, être aimé, cela ne fait que rendre mutuellement cette existence plus concrète, plus constamment présente à l’esprit. Mais elle doit être présente comme la source des pensées, non comme leur objet. S’il y a lieu de désirer être compris, ce n’est pas pour soi, mais pour l’autre, afin d’exister pour lui.
Simone Weil, La pesanteur et la grâce