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Robert et Bertrand : + : |
- (...) Souvent après avoir beaucoup réfléchi, on a l'impression qu'on a enfin trouvé une base solide, ou plutôt la clé irrésistible qui ouvrira toutes les portes, qui vous illuminera, qui par des voies étroites et cachées vous mènera au cœur des choses. Et puis là-dessus vous faîtes une bonne nuit, et quand vous vous réveillez et que l'idée se retrouve à l'épreuve de la vie, vous voyez tout à coup que ce n'est pas du tout ce que vous croyiez, qu'il y a devant vous des forces dont on a pas tenu compte, d'autres facteurs, des courants souterrains. Alors on s'affaisse, on se désole. Le problème, c'est qu'on prend l'individu pour une entité exceptionnelle et qu'on lui impose des exigences, tout çà en oubliant l'homme du quotidien, celui qui est numéro, quantité, majorité, et qui n'est rien d'autre qu'une fraction. Oui l'homme du quotidien est un morceau, un fragment, un être décentré. Il n'est en aucune façon cette individualité complète et totale qui se suffirait à elle-même, se dirigerait seule et seerait en mesure de créer et d'établir ses liens propres avec l'univers, l'amour et la mort. et, qu'il le veuille ou non, le fragment doit s'intégrer au collectif, église, nationalité, pays, parti.
- Et puis il y a la langue.
- Oui, il y a la langue.
Kostan Zarian, Le bateau sur la montagne,1943, traduit de l'arménien par Pierre Ter-Sarkissian
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Thorgal : + : |