lundi 30 avril 2012

Rien de secret par là :

Voilier - Arturo Bispo di Rosario
 

"Vous n’avez pas honte, oui j’ai honte, et se taire, tant d’impudence, vous n’irez pas loin, tant de médiocrité très bien, ne vous penchez pas trop sur celui-là, tant d’arrogance vaut bêtise, tant de alors ce n’est pas la faute de quelqu’un celui-là, vous êtes à la bonne, à la juste distance, comme le Seigneur qui voyait le soleil dans sa juste grandeur avec ses yeux d’homme, essayez, la distance rhétorique, je n’ai rien à dire de plus secret, si vous avez peur, comment ferez-vous pour parler si celui-là est menacé, alors il ne dira rien, ne trouvera rien à dire, et dit véritablement en pensant qu’il ne cache rien, rien de secret par là, parce que si les pensées secrètes sont interdites et qui les interdit, il n’y a personne derrière vous ou au-dessous, il n’y a pas de danger parce que vous êtes libre, comme vous êtes libre de traverser l’océan à la nage et vous n’avez pas peur et soudain il faut le traverser, il n’y a pas moyen de rester sur la terre ferme, et il faut y aller, y entrer, et c’est possible, et c’est faisable, les capacités humaines se développent, à l’eau, à l’eau, dans l’eau, on va vous expliquer d’où vous est venue la partie nautique, maritime, mouillée, aquatique, vous pourrez dormir pendant la traversée, sans précipitation, le souffle régulier, et même respirant comme une baleine, en quoi consiste la vie, la langue, dit que c’est pareil, un besoin de parler et quand vous priez, c’est vous qui parlez ? Il parle ou il écoute et quand il a besoin d’un bâton (bastón) pour marcher, quand je m’arrête, et s’il faut prendre sa canne pour marcher dans l’eau, et si elle flotte et si on peut embarquer sur son bâton, sur son balai."
 

Bernard Collin, Vingt-deux lignes cahier 100, Les Petits Matins, 2010, pp. 24 et 55

Précision utile : en marge d’une œuvre rare, discrète et inclassable, Bernard Collin écrit vingt-deux lignes par jour depuis cinquante ans, et le cahier numéroté 100 est le premier, qui soit édité. (voir note de lecture de Jean-Pascal Dubost). et cet article.

Stefano Bonazzi - Smoke - ici et là.