Une simulation de l'évaporation d'un mini trou noir dans le détecteur Atlas du LHC -Cern |
...celui qui sait déjà ne peut aller au-delà d'un horizon connu.J'ai voulu que l'expérience conduise où elle menait, non la mener à quelque fin d'avance. Et je dis aussitôt qu'elle ne mène à aucun havre (mais en un lieu d'égarement, de non-sens). J'ai voulu que le non-savoir en soit le principe - en quoi j'ai suivi avec une rigueur plus âpre une méthode où les chrétiens excellèrent (ils s'engagèrent aussi loin dans cette voie que le dogme le permit). Mais cette expérience née du non-savoir y demeure décidément. Elle n'est pas ineffable, on ne la trahit pas si l'on en parle, mais aux questions du savoir, elle dérobe méme a l'esprit les réponses qu'il avait encore. L'expérience ne révèle rien et ne peut davantage fonder la croyance qu'en partir.
L'expérience est la mise en question (à l'épreuve) dans la fièvre et l'angoisse, de ce qu'un homme sait du fait d'être.(...)J'appelle expérience un voyage au bout du possible de l'homme. chacun ne peut pas faire ce voyage, mais s'il le fait, cela suppose nier les autorités, les valeurs existantes, qui limitent le possible. Du fait qu'elle est négation d'autres valeurs, d'autres autorités, l'expérience ayant l'existence positive devient elle-même positivement la valeur de l'autorité.(...)C'est la séparation de la transe des domaines du savoir, du sentiment, de la morale, qui oblige à construire des valeurs réunissant au-dehors les éléments de ces domaines sous formes d'entités autoritaires, quand il fallait ne pas chercher loin, rentrer en soi-même au contraire pour y trouver ce qui manqua du jour où l'on contesta les constructions. "Soi-même", ce n'est pas le sujet s'isolant du monde, mais un lieu de communication, de fusion et de l'objet.
Georges Bataille, L'expérience intérieure, 1943, : + :