Antoine d'Agata - Vilnius - Lituanie - 2004 : + : : + : |
Que ces notes servent à je ne sais qui, pour ne plus confondre Armand et Bruno, deux sortes d'amour séparées par le trait irrévocable du fini et de l'infini. L'amour, le vrai, échappe aux géométries dont on dit qu'elle délivrent du sens. pas de jardin sans allées bien tracées, pas de vie d'homme sans ôter les herbes sauvages, ces pousses dont on refuse les traits indistincts.Le bon sens unit nos actes à la mesure de leur caractère solidaire, grégaire, une homogénéité à laquelle, suppose-t-on, nous devons la survie des sociétés et la raison victorieuse de la folie. Ne parle-t-on pas des herbes sauvages comme des "herbes folles" ? Ainsi de chacune de nos vies où l'on sarcle, après qu'on nous l'a appris, les herbes folles du sentiment, l'ubac de l'être, ce versant où l'ombre domine malgré tous nos efforts à identifier, à éliminer ce qui présente un danger.Il était normal que j'aimasse Armand. Rien en lui n'échappait à la lumière du couple que nous pouvions former. je l'ai aimé tel qu'il était, et il était si aimable ! Mais je l'ai aimé avec cette retenue qu'on a pour les sites trop visités. Tout se donne au regard et le regard cherche, dans le clair désespoir du bonheur, ce que l'âme réclame au-delà des bonnes raisons de vivre et d'espérer.Je ne faisais qu'aimer Armand. J'aimais Bruno à la folie.*
"Sil vous plaît" ...Oui, il me plaît mon amour, il me plaît de t'aimer pour l'éternité.Mais j'entends mes petits-enfants qui m'appellent. je dois finir ce cahier sans faire de conclusion. que mon Armand n'en soit pas meurtri surtout ! Il fut si bon, il fut ce que je pouvais souhaiter de mieux.Que sa mémoire n'en souffre pas, lui et moi ne pouvions rien contre ce qui n'a pas de nom.
Robert Alexis, L'homme qui s'aime, 2014