La foi, ça ne m'étonne pas.
Ça n'est pas étonnant.
J'éclate tellement dans ma création.
Dans le soleil et dans la lune et dans les étoiles.
Dans toutes mes créatures.
Dans les astres du firmament et dans les poissons
de la mer.
Dans l'univers de mes créatures.
Sur la face de la mer et sur la face des eaux.
Dans le mouvement des astres qui sont dans le ciel.
Dans le vent qui souffle de la mer et dans le vent
qui souffle sur la vallée.
Dans la calme vallée.
Dans la recoite vallée.
Dans les plantes et dans les bêtes et dans les bêtes
des forêts.
Et dans l'homme.
Ma créature.
Dans les peuples et dans les hommes et dans les
rois et dans les peuples.
Dans l'homme et dans la femme sa compagne.
Et surtout dans les enfants.
Mes créatures.
Dans le regard et dans la voix des enfants.
Car les enfants sont plus mes créatures.
Que les hommes
Ils n'ont pas encore été défaits par la vie.
De la terre.
Et entre tous ils sont mes serviteurs.
Avant tous.
Et la voix des enfants est plus pure que la voix
du vent dans le calme de la vallée.
Dans la vallée recoite.
Et le regard des enfants est plus pure que le bleu du
ciel, que le laiteux du ciel, et qu'un rayon d'étoile
dans la calme nuit.
Or j'éclate tellement dans ma création.
Sur la face des montagnes et sur la face de la plaine.
Dans le pain et dans le vin et dans l'homme qui
laboure et dans l'homme qui sème et dans la
moisson et dans la vendange.
Dans la lumière et dans les ténèbres.
Et dans le cœur de l'homme, qui est ce qu'il y a de
plus profond dans le monde.
Créé.
Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912, ici.