samedi 21 juillet 2012

Dans un assez grand espace :



Ici sur le site du MIT

[2,12,3] Passons aux points contestés. Les uns pensent que le feu réside dans les nuages ; les autres, qu'il se forme au moment de l'explosion, et n'existe pas avant d'éclater. Les premiers se divisent encore sur la cause productrice du feu, qu'ils font venir, les uns de la lumière, les autres des rayons du soleil qui, en se mêlant et se croisant, peuvent, par leurs rencontres fréquentes faire jaillir la flamme. Anaxagore prétend que ce feu émane insensiblement de l'éther, et que de ces hautes régions embrasées il tombe une infinité de particules ignées qui couvent longtemps au sein des nuages.
[2,12,4] Aristote soutient que le feu ne s'amasse point d'avance, et qu'il éclate au moment même où il se forme : son opinion peut se résumer ainsi : Deux parties du monde, la terre et l'eau, occupent la partie inférieure de l'espace - toutes deux ont leurs émanations propres. Celles de la terre sont sèches et semblables à la fumée ; elles produisent les vents, le tonnerre et la foudre : celles des eaux sont humides, et forment les pluies et les neiges.


Lightning captured at 7,207 images per second from ZT Research on Vimeo.


[2,12,5] Ces vapeurs sèches de la terre, qui, amoncelées dans l'atmosphère, donnent naissance aux vents, se trouvant comprimées latéralement par le choc des nuages, s'échappent et vont frapper les nuages voisins dans un assez grand espace : de la violence du coup résulte un bruit analogue à celui que fait entendre dans nos foyers la flamme qui pétille en dévorant du bois vert. Dans ce cas, des ballons d'air humide se crèvent par l'action de la flamme ; dans l'atmosphère, ces vapeurs que j'ai dit un peu plus haut être froissées par la collision des nuages, lorsqu'elles vont heurter d'autres nuages, ne peuvent ni se briser ni s'échapper en silence.
Questions naturelles, Sénèque, Livre II, Paris, 1861, ici.




Temporal Distortion from Randy Halverson on Vimeo et aussi çà et là.


Orphée, voulant résumer la puissance de Dieu, l'exprime dans les vers qui suivent :
"Principe et fin de tout, tête et centre du monde,
Partout est Jupiter : C'est la foudre qui gronde
C'est l'axe de la terre, et le pivot des deux ;
C'est l'homme au regard fier ; c'est la vierge aux doux yeux
C'est tout feu qui jaillit, tout souffle qui respire
C'est la base des flots et de l'humide empire
C'est Phébus ; c'est sa soeur, au flambeau pâle et doux
C'est le maître, le roi, c'est le père de tous
C'est lui qui cache tout, lui qui fait tout paraître,
Et sa tête contient les germes de chaque être".

Du monde, Apulée, Traduction française : V. Bétolaud, Oeuvres complètes d'Apulée. Tome II, Paris, Garnier, 1836, ici.