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| Richard Long - Muezzin - c2000 - + |
L'irritation
du doute est le seul mobile qui nous fasse lutter pour arriver à la
croyance. Il vaut certainement mieux pour nous que nos croyances soient
telles, qu'elles puissent vraiment diriger nos actions de façon à
satisfaire nos désirs. Cette réflexion nous fera rejeter toute croyance
qui ne nous semblera pas de nature à assurer ce résultat. La lutte
commence avec le doute et finit avec lui. Donc, le seul but de la
recherche est d'établir une opinion. On peut croire que ce n'est pas
assez pour nous, et que nous cherchons non pas seulement une opinion,
mais une opinion vraie. Qu'on soumette cette illusion à l'examen, on
verra qu'elle est sans fondement. Sitôt qu'on atteint une ferme
croyance, qu'elle soit vraie ou fausse, on est entièrement satisfait. Il
est clair que rien hors de la sphère de nos connaissances ne peut être
l'objet de nos investigations, car ce que n'atteint pas notre esprit ne
peut être un motif d'effort intellectuel. Ce qu'on peut tout au plus
soutenir, c'est que nous cherchons une croyance que nous pensons vraie.
Mais nous pensons que chacune de nos croyances est vraie, et le dire est
réellement une pure tautologie.
(...)
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| Richard Long - Nomad - c1990 |
Or il existe
des personnes, au nombre desquelles, je dois le croire, se trouve le
lecteur, qui, dès qu'elles verront que l'une de leurs croyances est
déterminée par quelque circonstance en dehors de la réalité, admettront à
l'instant même et non pas seulement des lèvres que cette croyance est
douteuse, mais en douteront réellement, de sorte qu'elle cessera d'être
une croyance.
(...)
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| Richard Long - fives stones - c1970 |
Par dessus tout, il faut considérer qu'il y a quelque chose de plus salutaire que toute croyance particulière : c'est l’intégrité de la croyance, et qu'éviter de scruter les bases d'une croyance, par crainte de les trouver vermoulues, est immoral tout autant que désavantageux. Avouer qu'il existe une chose telle que le vrai, distinguée du faux simplement par ce caractère que, si l'on s'appuie sur elle, elle conduira au but que l'on cherche sans nous égarer, avouer cela et, bien qu'en en étant convaincu, ne pas oser connaître la vérité, chercher au contraire à l'éviter, c'est là, certes, une triste situation d'esprit.
(À suivre.)
La logique de la science, Comment se fixe la croyance ?, Charles-Sanders Peirce, 1878,
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| Matfré Ermengau - Breviari d’amor et Lettre à sa sœur - 14ème siècle - + |